Passant par l’hôtel dit de la Can, l’arboretum de Sibang, le lycée de Sibang et autres, la voie reliant le quartier Nzeng-Ayong aux zones PK 8 et PK 9 de Libreville, est devenue un calvaire indescriptible pour les populations et les automobilistes contraints de l’adopter en route de contournement.
Route de contournement très pratiquée par la force des choses, notamment du fait des sempiternels embouteillages de la route nationale N°1, ce trajet s’est dégradé à un rythme vertigineux en moins de deux ans. Aujourd’hui, seuls les automobilistes téméraires acceptent de passer par les zones de l’Hôtel de la Can à Nzeng-Ayong ou du lycée de Sibang, pour déboucher au PK 9. Sur ces endroits, les nids de poule, connus ailleurs sur les routes de Libreville, sont devenus de cratères géants autour desquels slaloment les quelques voitures qui s’y aventurent encore.
Si ce n’est pas de l’intense poussière, en période de fort ensoleillement, que reçoivent les populations des environs, ce sont de grands bourbiers ou de vastes cuvettes d’eau qui coupent parfois la route. Au niveau du lycée de Sibang, il est aujourd’hui difficile d’indiquer qu’il y avait là une route. Les trous sont d’une ampleur telle que même les piétons ont du mal à y circuler tandis que les riverains n’ont cesse de s’offusquer : «C’est comme ça qu’on va réaliser l’émergence ?». Après les pluies qui se sont abattues sur Libreville ces derniers jours, les habitants de ces zones sont à nouveau dépassés par les événements.
«Quand la route était bonne, on avait les taxis et les clandos à tout bout de champ. Mais maintenant, il faut sortir de chez soi avec deux paires de chaussures. L’une pour affronter la boue et l’eau sur la route et l’autre avec laquelle on se rend au travail. Tout ça à cause de quoi ? Parce que la route a été mal faite», clame en colère une enseignante qui habite le quartier en face du lycée de Sibang. Comme cette dame, l’on peut se poser des questions sur la qualité des travaux réalisés. Pourquoi une route faite juste avant la Coupe d’Afrique des nations 2012 s’est-elle si vite détériorée ? Ces travaux ont-ils été contrôlés et réceptionnés ? Quid de l’entreprise qui les a réalisés ? Au regard de l’état de la dégradation actuelle et du calvaire des riverains de ces zones, n’est-il pas urgent de remédier à la situation ?
Voilà des questions que se posent tout citoyen qui emprunte cette voie, mais aussi et surtout les habitants des zones affectés qui peinent à trouver des moyens de locomotion pour vaquer sereinement à leurs occupations. En cela, ils interpellent les autorités en charge de la gestion de tels dossiers. «C’est inadmissible qu’une route faite, il y a deux ans se dégrade de cette façon. Soit il y a eu fraude, soit l’entreprise ne connait pas son travail. L’Etat doit les retrouver et les obliger à répondre devant la justice», a souhaité l’enseignante qui espère que les responsabilités soient dégagées autant du côté des contrôleurs de ces travaux, du ministère, que de l’entreprise.
«Il y a une école ici, regardez-vous-même comment l’eau stagne ici. C’est dans ces conditions que vous voulez que puissent réussir nos enfants», a lancé un quinquagénaire le bas du pantalon remonté pour traverser la zone coupée par une grande mare d’eau. «Cette situation déplorable est d’autant plus à dénoncer que lorsque le président de la République doit passer par ces coins, l’on rafistole vite et de nuit pour faire croire que tout va bien», a déclaré le quinquagénaire qui espère que leurs prières seront exaucées. On en est là.