Se posant en témoin de l’histoire du pays depuis les indépendances, l’homme aux multiples vies, fils d’un très proche collaborateur de Léon Mba, confirme les écrits de Pierre Péan, mettant en doute la filiation de président de la République.
L’état-civil du président de la République n’a visiblement pas fini de faire couler encre et salive. Après les sorties de ses proches pour justifier sa filiation, Ernest Tomo y est lui aussi allé de ses déclarations. Dans une interview actuellement disponible sur la Toile, l’ancien candidat à la présidentielle prend à son compte tout ce qui est contenu dans l’ouvrage «Nouvelles affaires africaines – Mensonges et pillages au Gabon». Pour lui, tout cela relève de la vérité. «Péan ne ment pas», a-t-il asséné.
Fils d’un ministre de l’Intérieur sous Léon Mba, Ernest Tomo soutient qu’«Ali Bongo est d’origine biafraise tout comme mon frère Jean Tomo, fils adoptif de M. Tomo (…) Ceux qui étaient là à cette époque comme moi, savent très bien qu’Ali Bongo Ondimba est biafrais. Certes il est Gabonais, mais Gabonais d’adoption». Une affirmation en contradiction avec les dernières sorties des proches du chef de l’Etat, qui eux affirment qu’«Ali Bongo est bel et bien Gabonais d’origine».
A ce propos, Ernest Tomo évoque notamment les déclarations de la famille Léon Mba, dont certains disent être allés à l’école avec Ali Bongo. «Cela ne concerne en rien la nationalité de ce dernier. Cela ne prouve en rien qu’Ali Bongo est Gabonais d’origine. Et encore que beaucoup de ceux qui racontent ces histoires n’étaient même pas nés à cette époque», déplore-t-il, ajoutant : «C’est juridiquement dangereux pour eux, car je ne pense pas qu’ils soient en mesure de justifier leurs affirmations. Je leur demande donc de se rétracter car les membres de la famille Léon Mba, du moins ceux qui sont récemment passés sur les antennes de télévision, ne savent pas ce qui s’est passé».
Homme public aux multiples vies, Ernest Tomo profite de cette opportunité pour revenir sur cet épisode de l’histoire politique du Gabon. «Lorsqu’Ali Bongo s’est présenté aux élections en 2009, personnellement j’ai cru que son père, avec toute l’influence qui le caractérisait, avait pu établir à son fils un acte de naissance à Nantes, comme cela se faisait à l’époque des indépendances. Mais il n’en a rien été». Fort de ce constat, poursuit-il, «je lui ai demandé de se désister, évoquant nomment un article du Jeune Afrique de mars 2005, dans lequel le président Omar Bongo affirmait : mon fils peut tout hériter sauf le pouvoir. Le Gabon n’est pas une monarchie».
Comme révélé dans l’ouvrage de Pierre Péan, Ernest Tomo en rajoute une couche en indiquant que la victoire en 2009 de l’actuel chef de l’Etat repose uniquement sur les manigances de la Cour constitutionnelle et l’Assemblée nationale, entre autres, qui «étaient sous la haute influence d’une main noire. Celle de la Françafrique à travers Nicolas Sarkozy, qui voulait perpétuer le pré carré français, singulièrement au Gabon».