Le Syndicat national des greffiers du Gabon (Synagref) a demandé au chef de l'Etat et au Premier ministre de ne pas attendre le mouvement d'humeur des greffiers et de se saisir des préalables contenus dans le cahier de revendications déposé en novembre 2013 sur la table du ministre de la Justice.
AU cours d'un point-presse hier au tribunal de Libreville, le Syndicat national des greffiers du Gabon (Synagref) a interpellé les plus hautes autorités du pays, en tête desquelles le chef de l'Etat et le Premier ministre, à porter une attention particulière aux problèmes posés par cette corporation dans le cahier de revendications déposé courant novembre 2013 sur la table du ministre de la Justice. " Au regard de la sensibilité de l'administration, et pour ne pas attendre des mouvements d'humeur pour réagir ", a déclaré le président du Synagref, Me Michel Ndo Bisso.
Cet appel du président de la République fait suite aux conditions de vie et de travail précaires qu'endure ce personnel depuis des lustres, au vu et su de leurs responsables. Sur le plan de carrière par exemple, Ndo Bisso a rappelé que le greffe gabonais est régi par un statut particulier, qui est la loi 20/93. Laquelle n'aurait pas, jusqu'à ce jour, de textes d'application. Conséquence : les greffiers sont toujours recrutés avec des niveaux BEPC et Baccalauréat. Ces agents de l'Etat passeraient toute leur carrière à la catégorie B2, sans aucun plan de carrière.
Selon le président du Synagref, " la gestion des greffiers est faite à la tête du client et au gré de chaque équipe à la tête du ministère de la Justice. " Ce qui fait que le greffier n'aurait droit qu'à la seule formation de l'Ecole nationale de la magistrature. Il ne bénéficie d'aucun stage de perfectionnement.
" Le greffe et le greffier sont transformés en de simples secrétariats et secrétaires dactylographes. Pourtant, l'Etat alloue d'énormes sommes d'argent pour ladite formation qui ont servi à d'autres choses. Le budget de finance 2013 était, par exemple, à hauteur de cent millions de francs ", a indiqué le leader syndical.
S'agissant des conditions de travail, il ressort que les locaux abritant les services des juridictions sont vétustes. Les personnels (greffiers et magistrats) y cohabiteraient avec des insectes, scellés de tous genres, moisissures, etc. Les dossiers clôturés et en cours d'instruction s'y entremêlent, et des vieux ordinateurs et imprimantes sont d'une autre époque et manquent de maintenance. Quelques stylos, une rame de papiers et deux registres sont distribués par an.
Ce privilège n'appartiendrait qu'à la seule juridiction de Libreville. Celles de l'arrière-pays étant des éternelles oubliées de l'administration judiciaire. Les tribunaux manqueraient de salles d'archives, de scellés et de bibliothèques. Les greffiers et les magistrats partageraient à cinq ou six personnes, voire plus, des bureaux exigus. D'où l'instauration du système de " turn-over " dans certains d'entre eux.
Au niveau des finances, il revient que les budgets énormes sont alloués à toutes les juridictions aux fins de leur rénovation, entretien, achat d'outils et fournitures de bureaux. Malheureusement, a déploré Me Ndo Bisso, " le personnel judiciaire ne ressent aucune amélioration des conditions de travail. Il est parfois obligé de s'acheter son propre matériel de travail. "
Pour ce qui est de la prime vestimentaire, le Synagref indique que la loi de finance 2013 avait accordé aux juridictions des sommes variant entre quatre et dix millions de francs. Ces sommes auraient été distribuées aux greffiers et magistrats de certaines juridictions, au détriment des autres.
D'autres problèmes, non moins importants, ont été soulevés au cours de ce point-presse. Il faut espérer que les plus hautes autorités y prêteront une oreille attentive.