Le président François Hollande a abordé, lors de son allocution de clôture du forum économique franco-africain, le sujet sensible des visas économiques, affirmant que Paris devait faciliter les investissements africains en France.
“Doubler les échanges économiques entre la France et l’Afrique” dans les cinq ans à venir. Tel est le cap que s’est fixé François Hollande lors de son allocution de clôture du Forum économique franco-africain, qui s’est déroulé à Bercy mardi 4 décembre.
Un objectif ambitieux que le chef de l’exécutif français pense atteindre en s’appuyant, notamment, sur les recommandations du rapport Vedrine, remis plus tôt dans la journée au ministre de l’Économie Pierre Moscovici. François Hollande a, d’ailleurs, déjà repris à son compte certaines idées de l’ancien ministre des Affaires étrangèrs, telle que la création d’une fondation franco-africaine pour la croissance qui devrait voir le jour en 2014.
À l’issue d’une journée de débats à Bercy entre 600 chefs d’entreprises français et africains pour essayer de remettre la France en selle sur le continent africain, le président français a souligné que cet événement démontrait que “l’heure de l’Afrique était venu”. Pour lui, les entreprises françaises ne doivent plus hésiter à tenter l’aventure africaine car, avec ses plus de 5 % de croissance par an, “c’est le continent de l’avenir”. Un regard tourné vers le futur adopté par la totalité des intervenants au forum.
Mais pour François Hollande, ce “nouveau partenariat” n’est pas qu’une affaire de parts de marché en Afrique, où la France est actuellement à la traine par rapport aux pays émergents comme la Chine et le Brésil. “La relation avec l’Afrique ne doit pas être à sens unique”, a insisté le chef de l’État, précisant que la France “avait besoin que les entreprises africaines investissent chez nous”.
Plus de visas économiques : une priorité ?
“C’est très innovant de la part d’un chef d’État français d’appeler ainsi les groupes africains à investir en France”, souligne à FRANCE 24 Moctar Thiam, président du Club HEC du Mali. “Ça montre que le regard change à l’égard de l’Afrique”, ajoute Alain Kouadio, vice-président du Patronat de Côte d’Ivoire.
"La France ne lésine pas pour reconquérir un continent en expansion"
Pour concrétiser cet appel à une plus grande implication des entreprises africaines en France, François Hollande s’est emparé du sensible sujet des visas économiques. Le président français a souligné que les visas accordés aux entrepreneurs, étudiants ou encore artistes africains ont déjà augmenté de 13 % depuis le début de l’année. C’est, pour le chef de l’État, une manière de répondre au rapport Vedrine qui prône l’assouplissement des conditions d’octroi pour les ressortissants africains. “C’est un point que tous nos interlocuteurs africains ont soulevé”, a expliqué Hubert Vedrine.
Mais ce n’est pas, pour autant, la priorité pour tous les Africains. “Si on avait à hiérarchiser les priorités, la question des visas n’arriverait sûrement pas en haut de la liste”, assure Alain Kouadio. Pour lui, avant d’aller investir en France ou ailleurs, les entreprises africaines doivent déjà “consolider leur avantage chez eux et participer à densifier le tissu des PME pour répondre à la demande intérieure”. C’est sur ce terrain là qu’il attend plutôt la France. “Elle peut nous aider à faciliter l’accès à une formation de qualité et nous permettre de réaliser des projets d’infrastructure au coût le plus bas possible”, affirme Alain Kouadio.
Même si ce n’est pas une priorité, assouplir les conditions d’octroi des visas “est nécessaire”, souligne Moctar Thiam. Si la France poursuit sur cette voie, cela pourrait être, d’après lui, un signal intéressant “envoyé à certains pays africains qui commencent eux aussi à imposer de longues démarches administratives pour obtenir des visas économiques”.