Suite de la saga du mariage homosexuel du 29 décembre dernier à Libreville. L’affaire vient de prendre une autre tournure avec l’interpellation et la garde à vue, le mercredi 8 janvier 2014, des deux gays ayant passé une alliance traditionnelle pour la vie. Une initiative du parquet de la République. Le procureur de la République, Sidonie Flore Ouwe, aurait commis des agents de la Police judiciaire (PJ) et deux de ses collègues avec mandat d’amener les deux hommes. A ce qui semble, les deux tourtereaux auraient été arrêtés en plein jour à leur domicile alors qu’ils faisaient leur sieste. Ils n’ont apparemment pas fait de résistance, d’autant plus qu’ils ont été surpris par l’arrivée impromptue de ces personnes. Une information relayée par bien de sources jointes eu téléphone et confirmée par Jonas Moulenda, journaliste spécialisé en faits de société.
Les différents témoignages révèlent par ailleurs que les deux hommes auraient nié être les mariés de la soirée du 29 décembre. L’un d’eux a déclaré avoir seulement prêté son habitation à des amis gays qui y ont formalisé leur union.
Pour rappel, dans la soirée du dimanche 29 décembre au quartier PK8, dans la banlieue de Libreville, a eut lieu le premier mariage coutumier gay au Gabon. Un homme d’une quarantaine d’années avait formalisé son union avec un autre homme, en présence de nombreux invités rassemblés au domicile de la «mariée». Organisée nuitamment et dans la plus grande intimité, vraisemblablement pour éviter d’attirer l’attention, dans un pays où l’homosexualité apparaît encore comme une «abomination», la cérémonie était intimiste.
Les tourtereaux controversés ne pourront donc pas poursuivre leur lune de miel. Selon des sources judiciaires, ils seraient inquiétés pour pratiques non conformes aux bonnes mœurs du Gabon. Ce qui ramène à l’idée qu’en juillet 2007, dix-sept strip-teaseuses gabonaises qui offraient clandestinement leur nudité dans des clubs de Libreville avaient été arrêtées à grand renfort médiatique. Le juge Jean-Bedel Moussodou, alors substitut du procureur, qui avait orchestré cette arrestation invoquait alors qu’elle se conformait une la loi, datant des années de l’indépendance du Gabon, qui «prévoit des peines d’emprisonnement fermes contre toute personne pratiquant une activité non conforme aux us et coutumes du Gabon.»
Quelles sont donc, en 2014, les bonnes mœurs du Gabon et une loi datant des années soixante n’est-elle pas devenue anachronique et inadaptée avec l’évolution des mœurs qui a été enregistrée depuis lors ? Car, quels étaient donc les us et coutumes du Gabon en 1960 et quels sont ces us et coutumes aujourd’hui ? Loin de Gabonreview l’intention de promouvoir quelques orientations sexuelles. Mais, comme Herbert Marcuse, le philosophe Allemand de l’Ecole de Frankfort, il faut comprendre que l’approche de la sexualité doit évoluer en même temps que les sociétés. On ne peut pas en 2014 avoir avec le sexe, le même rapport qu’en avaient les sociétés du moyen-âge. Car, pensait Marcuse, l’espoir d’une libération se trouve dans la transformation de la sexualité en Éros.
Mais, trêve de philosophie, réagissant aux différents articles de presse ayant relayé ce mariage controversé, Mme Honorine Nzet Biteghe, ministre de la Famille et des Affaires sociales, auparavant connue pour son expertise judiciaire, a effectué, le 8 janvier sur les antennes de Gabon Télévision, une déclaration à travers laquelle, citant la constitution du Gabon, de nombreux articles du code civil et quelques traités ratifiés par le Gabon, elle a conclu que le mariage de personnes de même sexe n’est pas autorisé au Gabon.
De toute manière, une enquête avait été ouverte. On attend maintenant de la justice qu’elle édifie l’opinion publique. Surtout que certaines sources judiciaires contactées à ce sujet évoquent plutôt le «trouble à l’ordre public».
L’opération devrait décourager ceux ou celles qui voudraient se lancer dans de telles relations, même si l’on sait pertinemment que les homosexuels sont désormais légion dans le pays.