Dans une lettre ouverte adressée au président de l’Assemblée nationale et au secrétaire général du Parti démocratique gabonais, les populations de ce département sous-entendent que l’ancien ministre délégué aux Transports a été victime de la rivalité entre ténors politiques de la zone.
L’affaire des véhicules importés a-t-elle eu raison de Raphaël Ngazouzé, évincé du gouvernement lors du dernier remaniement ministériel ? Ou alors, son départ est-il consécutif à un tour de force de certains leaders politiques du département de la Lopé ? Ce sont des questions qui taraudent les esprits des populations de la Lopé.
Dans une lettre ouverte adressée au président de l’Assemblée nationale et au secrétaire général du Parti démocratique gabonais, les populations de ce département réagissent par une question : «Etait-il titulaire du portefeuille de ce ministère ? Et pourquoi dans ce cas, la ministre Mengué m’Owono a-t-elle été reconduite ?». Les populations soutiennent connaître leur protégé, «qui n’a jamais été impliqué dans une affaire tendant à discréditer son image ou celle du département». L’occasion pour elles d’évoquer un article de l’hebdomadaire La Loupe du 9 octobre, intitulé «Rififi dans la Lopé. Raphaël Ngazouzé/Départ attendu», qui «ternit l’image d’un compatriote qui n’a fait que servir loyalement».
Face à ce qu’elles qualifient d’amateurisme en termes de communication, les populations de la Lopé interpellent le président de la République sur une série «détournements de biens publics» orchestrés dans leur département. Elles évoquent, notamment, la construction du Collège d’enseignement secondaire (CES) de Mokeko et de l’internat du lycée de Booué. «Le CES de Mokeko n’a jamais vu le jour, sucré par un collectif budgétaire», déplorent-elles. Concernant l’internat du lycée de Booué, elles rappellent qu’«un certain Obiang Attindokpo Pierre Parfait, grand ami du créateur de Booué (demi-dieu), Ikambouayat Ndeka Rigobert, était arrivé promettre aux populations le début des travaux». Or, aucune brique n’a été posée à ce jour alors que l’entrepreneur a déjà encaissé 30% de la somme due, soit près de 125 millions de francs.
Les populations de Booué espèrent à cet effet que le ministre de la Justice, Séraphin Moundounga, «demandera des comptes à ce puissant entrepreneur qui n’a rien à cirer avec la justice gabonaise». «Nous comprenons aujourd’hui que si Ngazouzé était impliqué dans ce détournement, il serait sous les feux des cameras de Gabon Télévision. Comme ce fut le cas pour les crimes rituels», soulignent les ressortissants de la Lopé, qui estiment que l’ancien ministre délégué aux Transports «vient d’être sacrifié». Et d’ajouter, à l’endroit de ses détracteurs: «De grâce, laissez-le maintenant tranquille. Vous l’avez assez humilié comme ça. Soyez-en remerciés. Méfiez-vous du minable peuple de Booué que vous croyez bête, il vous voit également».