Malgré le calme apparent sur le campus universitaire, la rentrée académique 2013-2014, entamée le 6 janvier dernier, est vraisemblablement loin du retour d’un climat apaisé au sein de la faculté de droit et des sciences économiques (FDSE) de l’université Omar Bongo (UOB). Sodexo et Airtel y provoque déjà l’ire de la Ligue estudiantine des droits de l’Homme.
À quand une rentrée académique normale pour une année de formation régulière à l’Université Omar Bongo, se questionnait à l’entrée de l’UOB, une jeune bachelière surprise de voir un attroupement devant l’un des poteaux du portique de l’université de Libreville.
En effet, par le biais d’une lettre ouverte de près de quatre pages, plaquée sur ce montant lieu d’affichage dit «symbolique» et où toute «contestation estudiantine du verbe débute», la Ligue estudiantine des droits de l’Homme de cette institution académique a tenu à interpeller «l’Étudiant», sur les jours prochains qualifiés de «tournant de l’histoire», à travers lequels il vivra des moments cruciaux, décisifs et rares. La privatisation de l’UOB, à travers la gestion du campus universitaire par la société Sodexo, en lieu et place du Centre national des œuvres universitaires (Cnou), la dématérialisation de l’inscription, l’harmonisation du nombre de crédits nécessaires pour le Passage conditionnel (PC), et la vente de fascicules sont les points de tension que tentera de résoudre cette organisation qui s’assimilerait à un «syndicat d’étudiant».
«Chers étudiants, il faut être aveugle pour ne pas voir ce processus de privatisation de notre UOB déclenché par «on ne sait plus qui», ce processus de privatisation commence avec le restaurant universitaire par la société Sodexo. Avec son markéting trop puissant, Sodexo a fini par déplumer le Cnou de toutes ces prérogatives : la gestion du restaurant (Sodexo); gestion du campus (Sodexo); l’entretien de l’espace vert (Sodexo) ; la gestion du personnel Atos (Sodexo). Ces marchés ont donné à Sodexo le pouvoir de dire OUI quand le Cnou dit NON, et de dire NON quand le Cnou dit OUI», s’offusque la Ligue estudiantine des droits de l’Homme dans sa lettre ouverte.
Le plus difficile à concevoir pour cette organisation syndicale serait l’inscription universitaire via la technologie Airtel Money, lancée depuis plus d’un mois par l’opérateur de téléphonie mobile Airtel Gabon, en partenariat avec l’Université Omar Bongo.
«Très chers étudiants, jetons un regard sur la privatisation de l’inscription universitaire, conséquence de la présence de l’actuel Airtel, ancien Zain et Celtel à l’UOB et de l’augmentation du coût de l’inscription universitaire à 16100 FCFA au minimum. Il suffit de regarder pour comprendre que c’est le rectorat qui lance le processus d’inscription universitaire avec Airtel, et que pour répondre à cette offensive le secrétariat général lance le processus d’inscription pédagogique par département. Est-ce une concurrence ou une simple formalité académique ?», s’interroge la Ligue estudiantine.
Ce projet de mutation qui préfigure l’émergence de l’E-administration au sein de l’UOB, et qui est censé faciliter l’existence de l’étudiant, notamment pour ce qui est du processus de l’inscription mais également du fonctionnement quotidien de l’administration universitaire, serait vu par les concernés comme un moyen d’arnaque orchestré par le rectorat en partenariat avec l’opérateur de téléphonie mobile.
«Ainsi, nous allons calculer avec vous le coût réel qu’un étudiant devrait dépenser pour son inscription universitaire 2014 : 9000 FCFA pour les frais d’inscription, 1500 FCFA pour la nouvelle carte universitaire et publicitaire, 2000 FCFA pour faire son inscription au campus, 100 FCFA pour la taxe de transaction prélevée par Airtel, 2000 FCFA pour scanner l’attestation du Bac, le relevé du bac, la demi carte photo et l’acte de naissance. 1000 FCFA pour la demie carte photo. 500 FCFA pour activer la carte sim Airtel. Ainsi, en quoi est-ce-que Airtel nous faciliterait l’inscription, si cela revient plus cher à l’étudiant ?» interroge le syndicat.
Pour la Ligue estudiantine des droits de l’Homme, au titre de la gouvernance universitaire, «les inscriptions des étudiants relèvent de la compétence du secrétariat général, titulaire du pouvoir d’inscription. Donc le service rectoral avec son acolyte capitaliste Airtel se seraient immiscés par effraction dans le domaine des inscriptions universitaires. Dès lors, l’exercice de la compétence des inscriptions des étudiants par Airtel, constitue-t-elle une illégalité pour incompétence ? Quel est le but poursuivi lorsqu’Airtel s’accapare du processus des inscriptions universitaires ? Quel serait l’intérêt du rectorat dans ce contrat ? Pourquoi Airtel ? Pourquoi est-ce qu’un étudiant ne peut plus aller lui-même payer ses frais d’inscriptions à l’agence comptable de l’UOB ? Et que gagne réellement l’Etudiant à part l’augmentation du cout de son inscription ? La Ligue estudiantine des droits de l’Homme pense qu’en dehors de l’augmentation du cout des inscriptions universitaires, la décision de s’inscrire via Airtel monnaie comporterait un but inavoué».