Accusé de n’œuvrer que pour une image plus reluisante du président de la République pour masquer les critiques contre son pouvoir, le couple Attias se voit consacrer un chapitre de «Nouvelles affaires africaines. Mensonges et pillages au Gabon».
C’est peu dire que Pierre Péan ne tient pas en estime Richard et Cécilia Attias. Le dernier ouvrage du journaliste-écrivain leur consacre quelques pages. Accusé d’avoir été «recruté par Ali Bongo comme élément moteur du développement gabonais», le couple de «grands communicants» aurait vendu au président de la République un pays plus féérique que réaliste, basé sur une «transformation» de la vie, avec «des retombées économiques mirifiques grâce aux grands investisseurs du monde entier qui connaîtront le Gabon via le New York Forum of Africa (NYFA)». Si le projet a, depuis, été vendu à d’autres pays du continent et du monde sous d’autres formes, l’auteur de «Nouvelles affaires africaines. Mensonges et pillages au Gabon» ne goûte que très peu l’initiative. En cause, les dépenses que celle-ci aurait occasionnées au Gabon.
Pour Pierre Péan, Ali Bongo se serait, tout bonnement, fait rouler par le couple Attias. «Malgré la volonté de transparence annoncée, les Attias n’ont pas souhaité révéler le coût de ce Davos africain», écrit-il, comme pour mettre en lumière un déficit d’informations, avant d’ajouter que «pour les 3 premiers forums, le chiffre de 20 milliards de francs CFA (environ 30 millions d’euros) semble crédible». Convaincu de l’inutilité de l’initiative, le journaliste-écrivain estime que «le NYFA est en réalité une grosse et coûteuse opération de relations publiques destinée à redorer le blason d’Ali Bongo», par la venue à Libreville d’un parterre de «sommités» mondiales. Le couple Attias aurait-il donc floué Ali Bongo ? A en croire le journaliste français, cela ne fait l’ombre d’aucun doute.
Revue de presse
Pour soutenir ses assertions et sans doute prouver qu’il n’invente rien, Pierre Péan se livre à une petite revue de presse. Il cite le journal L’Aube du 26 mai : «NYFA/ Abus de faiblesse d’un chef d’état. Des milliards à Attias, la précarité aux Gabonais !» dont il livre l’essentiel : «Richard Attias est un communicant surdoué, capable de persuader un Eskimo de lui acheter un congélateur. C’est le prototype du capitaliste dépourvu de scrupules, prêt à tout pour parvenir à ses fins. Nicolas Sarkozy, qui l’avait introduit dans son cercle pour l’organisation du meeting de son intronisation à l’UMP, compte parmi les victimes prestigieuses de ce pirate des temps modernes […]. La modernité de Richard Attias dans ses manœuvres tient à ce qu’il sait mettre à profit les nouvelles technologies (publicité, informatique, etc.) et la solidarité de son réseau mondial de “requins” pour “arnaquer” sa victime tout en lui donnant le sentiment de sa propre importance. Avec Ali Bongo Ondimba, ses espérances les plus folles, inimaginables même dans ses simulations les plus optimistes, ont été exaucées à la perfection.»
Péan cite également Échos du Nord, «meilleur journal d’opposition, assortit un article intitulé «Des retombées invisibles» d’une illustration dans laquelle le «Forum du NYFA» est remplacé par «Farine», avec, autour de la photo du couple Attias, deux commentaires : «Quand le couple Attias roule les Africains dans la Farine» et «Attias, dégage !!!»». Ces attaques de la presse gabonaise expliquent, selon Pierre Péan, «que Richard Attias, au dernier jour du troisième NYFA, s’en soit pris brutalement à RFI et aux journalistes africains. Pour lui, 50 % de l’info venant d’Afrique est truquée. Et d’assener qu’il n’y avait pas assez de journalistes d’investigation en Afrique. Mais, s’il y en avait davantage, on peut penser qu’ils n’en dénonceraient que plus les Attias.»
Comme pour trancher sur ce point de vue d’Attias, le journaliste-écrivain note : «La lecture de la presse gabonaise prouve qu’elle est au contraire très bien informée sur le rôle du NYFA. La lecture de la presse française ne le dément pas : Le Nouvel Observateur a même publié une longue enquête de Caroline Michel et Marie Guichoux intitulée «Cécilia et Richard Attias : le business chic qui fâche en Afrique».»
«Attias-Merlin l’enchanteur» ou «Attias cœur de millions», ainsi que le nomme le journal français «L’Express», tout comme son épouse, sont donc accusés par Péan de développer le Gabon par «les mondanités», passant par pertes et profits les vraies difficultés et les multiples attentes des Gabonais, plus de 50 ans après l’indépendance de leur pays. Devant ces nouvelles accusations, Richard Attias répondra-t-il à nouveau par l’invective et le mépris ou décidera-t-il d’observer le silence ? Tout reste à voir.