Evoquant des «anomalies» et un «non-respect des procédures», les députés ont rejeté le projet de budget proposé par le gouvernement.
Placé sous le signe du basculement de la gestion budgétaire en mode BOP (Budgétisation par objectifs de programmes), annoncé depuis quelques temps et qui devrait rentrer en vigueur en 2015, le projet de la loi de finances 2015 aurait-il été maladroitement présenté aux députés ? Pour de nombreuses personnes ayant eu vent de la bouderie des parlementaires, au cours de la séance de débat organisée le 4 novembre courant, cela ne fait l’ombre d’aucun doute. Christian Magnagna aurait donc raté le coche. D’où l’ire des députés, qui auraient rejeté le projet de la loi de finances 2015. Du moins, à en croire de nombreuses sources, à l’instar du journaliste Jonas Moulenda qui l’a indiqué sur sa page Facebook. Une information qui n’a pas manqué de susciter étonnement et raillerie de la part des internautes.
Dès lors, une question survient : «Détenue à plus de 90% par le Parti démocratique gabonais (PDG) et la majorité, la 1ère chambre du Parlement oserait-elle boycotter les projets chers à Ali Bongo, en rejetant ce projet de loi de finances d’un genre nouveau ?» Si rien n’est moins sûr, alors que des observateurs parient déjà sur une inévitable rétraction des députés, bien trop intelligents pour risquer leur peau, d’autres croient savoir que le document présenté par le ministre du Budget et des Comptes publics comportait quelques «anomalies». «Le texte n’a pu être adopté par les députés. Ces derniers se sont opposés à la première partie du texte proposé par (…) Christian Magnaga, l’invalidant de fait», rapporte notre confrère Jonas Moulenda, avant d’ajouter que «les parlementaires ont argué du non-respect des procédures et du délai». Mauvaise passe pour l’exécutif. D’autant plus que le Conseil des ministres du 10 octobre dernier avait adopté le même projet de loi des finances, qui devrait consacrer un relèvement des dépenses d’investissement de 66,4 milliards de francs pour se situer à 693,5 milliards de francs, soit près de 22% du budget global, dont 256,9 milliards de francs au titre des financements extérieurs.
Les députés auraient-ils tout bonnement décidé de donner une plus grande lisibilité à leur action, ou la prétendue querelle entre caciques et jeunots du PDG aurait-elle pris une nouvelle tournure ? Autant d’interrogations qui taraudent l’esprit des Gabonais depuis la diffusion de l’information. Faut-il donc rappeler aux parlementaires que ce «projet de loi repose sur un cadrage macroéconomique et budgétaire, traduisant la ferme volonté de poursuivre la mise en œuvre du Plan stratégique Gabon émergent (PSGE), notamment à travers l’exécution du Schéma directeur national des infrastructures (SDNI), de la Stratégie nationale d’industrialisation et de la Stratégie d’investissement humain du Gabon (SIHG), tout en assurant un fonctionnement régulier de l’administration», ainsi qu’il apparaissait dans le communiqué officiel sanctionnant le Conseil des ministres du 10 octobre 2014 ? Peut-être ! Sauf qu’en l’espèce, ils peuvent toujours arguer de leurs prérogatives constitutionnelles.