Se félicitant du départ de Blaise Compaoré de la tête du Burkina Faso, le mouvement citoyen «Ça suffit comme ça » et le Front des indignés du Gabon invite le pouvoir à créer les conditions d’une concertation nationale.
Quelques jours après la démission de l’ancien président burkinabé, les acteurs de la société civile gabonaise, regroupés autour du mouvement «Ça suffit comme ça» et du Front des indignés du Gabon (FIG) semblent vouloir durcir le ton. Dans un récent communiqué, ces derniers, à l’instar de Marc Ona Essangui , disent prendre à témoin le peuple gabonais, la communauté nationale et internationale, en exigeant que le pouvoir actuel, dans les meilleurs délais, «mette en œuvre le cadre inclusif et souverain d’assises nationales ; consente à̀ faire réviser la constitution gabonaise et les mécanismes institutionnels de souveraineté ; s’engage à réaliser les prochaines échéances présidentielles selon le calendrier qui sera arrêté par les recommandations des assises nationales». «Arrivé au pouvoir, de manière frauduleuse en octobre 2009, Ali Bongo s’est attaché dès l’année suivante, en décembre 2010, à modifier également la constitution en conservant les amendements liberticides de son successeur, mais surtout en renforçant significativement les pouvoirs présidentiels, en réduisant la liberté d’expression de la presse et du peuple, en interdisant les marches populaires ou les manifestations pacifiques et en empêchant toute opposition politique à son régime d’exister et de s’organiser», analysent les signataires du textes.
Visiblement déterminés, les acteurs de la société estiment que le scénario burkinabè pourrait bien se dérouler au Gabon si aucun effort n’est fait par le pouvoir en place. «En l’absence de toute réaction sérieuse du pouvoir gabonais, (elle), en toutes ses composantes, prendra ses responsabilités devant l’histoire», préviennent-ils. Selon eux, les évènements survenus au Burkina Faso la semaine dernière sont une «leçon de démocratie populaire (…) servie à tous les peuples africains qui n’entendent plus cautionner le tripatouillage des constitutions devant garantir la pérennité du pouvoir à des hommes, des familles ou des clans qui considèrent la République comme leur bien privé». Pour la société civile gabonaise, il faut que ça cesse. «Blaise Compaoré a quitté le pouvoir comme il l’a conquis : par la petite porte», commentent-ils, avant de «rendre un vibrant hommage au peuple burkinabé, et particulièrement aux forces vives de cette nation constituée de la société civile consciente et agissante, de l’opposition civile et responsable et de l’armée républicaine, pour avoir mis un terme au régime dictatorial et faussement démocratique de Blaise Compaoré».
Une nouvelle forme de contestation, plus dure, plus ferme et plus fédératrice serait-elle en passe de s’organiser au Gabon ?