Le régime de Blaise COMPAORE a perdu hier droit de cité au Burkina Faso. Il n’a pu résister à la forte mobilisation des populations opposées à la réforme constitutionnelle qui devait lui permettre de survivre au-delà de 2015. Tel un château de cartes, tous les symboles du régime se sont écroulés face à l’impétuosité des manifestants. C’est un signal qui ne restera certainement pas coincé au pays des hommes intègres, mais qui est aussi adressé à tous les chefs d’Etats africains qui sous le couvert d’un supposé consentement du peuple, se taille des constitutions sur mesure dans l’optique de régner ad vitam aeternam.
C’est fini. Le régime de Blaise COMPAORE a poussé son dernier souffle hier jeudi 30 octobre 2014. Il n’aura pas eu besoin de passer un temps d’agonie avant de céder. Il n’aura non plus eu besoin de médiateur pour gérer une quelconque crise sévère entre lui et l’opposition. La fin a été soudaine. En quelques heures, tous les symboles du régime sont tombés tel un château de cartes. Rien n’a pu résister à la forte mobilisation des populations visiblement déchainées, après avoir supporté pendant 27ans, l’homme de la « Rectification ». C’est une date qui rentre dans l’histoire. Le régime semblait fort, suffisamment soutenu pour durer encore pendant longtemps. L’homme avait réussi à maîtriser tous les acteurs politiques majeurs du pays. Successivement, au profit de son projet de réforme constitutionnelle, ceux-ci, pour la plupart, ont accepté de porter leur soutien. Dans les rues, les manifestations pour soutenir le projet de réforme comme on en voit par ici à chaque ‘’claquement de doigts’’ du régime en place étaient perceptibles. Stratégiquement et politiquement parlant, Blaise COMPAORE était parti pour réussir son coup. Et hier jeudi, jour où le projet devait être adopté par l’Assemblée nationale, le peuple très tôt, est sorti pour se révolter. Une révolte qui avec une vitesse inattendue, s’est transformée en une révolution. Puisque le régime a succombé face au peuple mobilisé exprimant directement sa souveraineté.
Des leçons pour les révisionnistes africains
De l’épopée « rectification » qui s’achève de manière brute au grand désarroi de son meneur, on peut tirer des leçons. Leçons qui, a priori, doivent pouvoir éclairer les Chefs d’Etats africains qui, expressément ou tacitement, cherchent à réviser la Constitution de leur pays pour s’éterniser au pouvoir. Après avoir eu la possibilité de passer 5, 10 ans au pouvoir conformément aux normes constitutionnelles préétablies, ils sont en effet nombreux à chercher au terme de leur dernière possibilité, à réviser leur Constitution pour poursuivre l’impossible aventure présidentielle. Paul BIYA du Cameroun, Abdelaziz BOUTEFLIKA de l’Algérie ont réussi le passage en force dans le dos de leur peuple avec des institutions républicaines dévouées à leur cause. Joseph KABILA, Denis Sasso N’GUESSO et quelques autres chefs d’Etats africains, se préparent à faire la même expérience.
Au Bénin, même si le Président de la République Boni YAYI se refuse de se montrer assez clair sur ses réelles intentions avec son projet de révision de la Constitution qui serait à nouveau sur la table des députés, il est très soupçonné de nourrir l’envie de faire la même expérience.
La première leçon qu’on peut tirer de la chute du régime COMPAORE, est qu’avec le temps, le peuple fini par se lasser de certaines choses. Il a beau gardé le silence ou manifesté sans une ampleur spéciale, mais c’est comme un feu dont la vigueur se renforce aux grés de l’accumulation d’éléments inflammables. Si le régime illégitime demeure, ce n’est pas toujours parce qu’il est une imprenable, mais parce que le peuple ne s’est pas encore bien mobilisé. Le grand réveil ne s’est pas encore extériorisé.
La deuxième leçon, c’est que quand bien même l’on est censé disposer d’une certaine majorité d’hommes politique à sa solde, cela ne suffit pas toujours pour rester maître du jeu. Par exemple, ce n’est pas parce que la mouvance présidentielle au Bénin contrôle les trois ¾ environ des maires et conseillers du Bénin qu’elle téléguide à volonté, possède une majorité de députés à l’Assemblée nationale capables d’initier le vote de lois aussi liberticide que celle supprimant le droit de grève des magistrats, qu’elle peut réussir à demeurer maître du jeu politique.
La troisième leçon, quand bien même l’on réussit à contrôler toutes les institutions républicaines, de sorte à ce qu’elles obéissent tout le temps, aux ordres, sans chercher à exercer avec indépendance et impartialité les pouvoirs à elles confier par le constituant, il arrive un moment où, sans peut-être sans rendre compte, elles se suppriment aux yeux du peuple.
Au Burkina-Faso, lors des manifestations, certains manifestants n’avaient-ils pas déclaré après avoir mis le feu au parlement, « Allez dire à Blaise que l’Assemblée nationale, c’est pour le peuple » ? Ainsi donc, lorsque le parlement en arrive à se corrompre, à se laisser vassaliser, outrepassant ce dernier, le peuple lassé, peut chercher à s’exprimer. Avis donc aux rêveurs révisionnistes.