Lancé il y a plus d’une semaine, l’appel dénommé «Tournons la page» qui prévenait de représailles les auteurs de nouvelles manipulations de la Constitution en Afrique a fait mouche au Burkina Faso.
Récemment initié par une dizaine d’acteurs de la société civile africaine qui, quelques jours avant la commémoration du 27e anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara, avaient annoncé plusieurs manifestations à travers le continent, l’appel dénommé «Tournons la page» vient de porter ses fruits au Burkina Faso : les populations ont obtenu l’annulation du projet de modification de la Constitution devant permettre à Blaise Compaoré d’être à nouveau candidat à la présidentielle, 27 ans après le coup d’Etat qui l’a porté à la tête du pays.
Les Burkinabé sont passés à l’acte dès le début de la semaine courante, prenant d’assaut la télévision nationale et envahissant le Parlement, avant de l’incendier. Si les actes violents qui ont suivi sont mis sur le compte de l’opposition, Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition burkinabé et président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) a indiqué, le 30 octobre, sur son compte Twitter : «Nous ne cautionnons pas la prise du pouvoir par la force. Nous voulons juste le respect de la démocratie.»
Pour les opposants dont les discours font visiblement mouche auprès des populations, il s’agit dorénavant de parvenir à l’alternance à laquelle de nombreux individus aspirent à travers le continent. «Cette marche est le dernier avertissement pour Compaoré. Nous ne sommes plus dans la phase de dissuasion, mais dans la confrontation», avait déjà prévenu M. Diabré avant les affrontements avec les forces de l’ordre.
«Le Printemps noir» cher à l’opposant burkinabé Emile Pargui Paré est-il en marche ? Tout reste à voir. Car, dans la nuit du 30 au 31 octobre, Blaise Compaoré est sorti de son silence et a indiqué qu’il ira jusqu’au bout de son mandat mais appelle à la formation d’un gouvernement de transition. «J’ai entendu le message. Je l’ai compris et pris la juste mesure des fortes aspirations au changement», a-t-il affirmé sur une chaîne de télévision privée, Canal 3. Les populations, pour leur part, ne veulent également pas que les militaires leur volent leur victoire. Une page est résolument en train de se tourner au Burkina Faso.