Libreville – En attendant la proclamation par la cour constitutionnelle des résultats définitifs des récentes élections locales après qu’elle se soit prononcée sur le contentieux électoral ou postélectoral, certains observateurs de la vie politique gabonaise excipent la nécessité d’un remaniement du gouvernement pour plusieurs raisons éminemment politiques notamment.
La première raison est que toute élection au suffrage universel directe est un baromètre de l’état d’adhésion des populations à une politique, en l’occurrence à la politique gouvernementale de l’équipe Raymond Ndong Sima visant la mise en œuvre du projet politique du chef de l’Etat. Il en ressort qu’à l‘issue du scrutin du 14 décembre dernier, le Parti Démocratique Gabonais (PDG, au pouvoir) sort grand vainqueur sur l’échiquier national en totalisant 1500 conseillers sur les 2400 en jeu.
Ainsi les résultats provisoires des élections locales révèlent le niveau d’adhésion des populations à l’action gouvernementale en cours d’exercice, à savoir que les gabonais continuent de faire confiance au PDG, le parti qui gouverne.
Sur cette base il n’y a donc pas lieu d’attendre l’élection des sénateurs prévue en 2015 pour remanier le gouvernement puisque cette élection est réservée aux grands électeurs que sont les conseillers élus à l’issue du scrutin du 14 décembre 2013, il n’est plus question de jauger le niveau d’adhésion des populations à l’action des gouvernants.
Reste que si le parti au pouvoir le PDG est le gagnant du scrutin du 14 décembre 2013, la question du choix, de la popularité et de la satisfaction des populations pour les membres du gouvernement ne semble pas pour autant résolue.
Aussi certains en arrivent-ils à considérer aisément que même si le PDG a gagné les locales, des têtes de membres du gouvernement pourraient tout de même tomber pour des raisons normales et diverses de crises, de contreperformances et autres déficit de leurs actions dans leurs départements ministériels respectifs.
A cet égard on pourrait tout aussi bien imputer au Premier ministre, chef d’équipe les échecs de certains de ses ministres et le limoger. Mais ce serait ignorer les motifs de satisfaction que représente la conduite des négociations avec les centrales syndicales soldée par le paiement des arriérés de rappels depuis le 27 décembre 2013 et la campagne de charme opérée par des démonstrations financières sur les marchés internationaux pour engranger 750 milliards de FCFA de fonds.
Autant dire que la reconduction de Raymond Ndong Sima est donc en discussion, mais une discussion bien délicate vu que son remplacement se fonderait plus sur la responsabilité du chef que sur sa responsabilité personnelle. Tout comme, il ne semble pas facile de lui trouver un remplaçant qui garantisse une connaissance des dossiers à même de tenir la barque et poursuivre ce que son équipe et lui viennent d’accomplir pour les agents de l’Etat et la modernisation de l’administration d’Etat.
Et même politiquement parlant, s’il est vrai que le PDG a perdu les élections dans la commune d’Oyem, reste que dans le département où il était tête de liste, Ndong Sima a réalisé un score bien au dessus de celui d’illustres têtes de listes à Bitam et à Oyem, parmi lesquelles des remplaçants potentiels que sont René Ndémézo ou Engonga Owono au cas où le poste serait maintenu dans le Woleu-Ntem.
Outre que Charles Mba, l’actuel sénateur d’Oyem et économiste financier comme Raymond Ndong Sima ne semble pas avoir encore franchi le baroude politique des élections au suffrage universel direct, le test de popularité par excellence d’un homme politique, quand on sait qu’un sénateur est élu par les grands électeurs que sont les conseillers locaux. Or, l’enjeu est celui d’un premier ministre suffisamment populaire chez lui, en l’occurrence dans le nord, pour conduire le chef de l’Etat à la victoire dans le Woleu-Ntem en 2016 lors des élections présidentielles, en plus de ce qu’il a en charge l’exécution du projet politique présidentiel.
Pour d’autres observateurs encore, la reconduction éventuelle de Raymond Ndong Sima pourrait tout de même poser la question du syndrome des ambitions présidentielles des anciens premiers ministres tel qu’observé en Afrique et au Gabon, notamment. La longévité à la primature de Ndong sima pourrait bien susciter et nourrir cette ambition présidentielle pour 2016, tout comme son limogeage dès maintenant ne l’en écarterait pas pour autant à entendre ce qui est dit de l’ancien premier ministre Paul Biyoghe Mba.