La présidence gabonaise a estimé mercredi que le dernier ouvrage du journaliste français Pierre Péan est "le livre de trop" et qu'il se contente de colporter des "kongossa", c'est-à-dire des rumeurs.
L'enquête baptisée "Nouvelles affaires africaines, Mensonges et pillages au Gabon" revient sur la fin de règne du défunt président Omar Bongo et les modalités de l'accession au pouvoir de son fils, à sa mort en 2009.
Pierre Péan y accuse notamment l'actuel chef de l'Etat Ali Bongo d'avoir falsifié de nombreux documents, de son acte de naissance à ses diplômes universitaires. Ainsi, selon le journaliste, contrairement à la version officielle qui présente Ali Bongo comme le fils naturel de son père, il s'agirait d'un enfant nigérian adopté pendant la guerre du Biafra dans les années 1960.
"On ne va pas commenter les +kongossa+ (rumeurs) parce que c'est écrit par un Blanc", a asséné le porte-parole de la présidence, Alain-Claude Billie By Nzé, interrogé par des journalistes.
"Il y a des journaux gabonais qui paraissent tous les jours et qui disent exactement la même chose, donc franchement ce n'est pas parce que c'est écrit aujourd'hui par Péan que ça changera quoi que ce soit à l'idée que les Gabonais ont de leur pays et de leur chef de l'Etat", a-t-il dit.
"L'opposition, ils écrivent ça depuis des années, et donc il n'y a rien de nouveau sous le soleil", a insisté le porte-parole, affirmant que l'Etat gabonais n'avait toutefois "pas vocation à interdire la diffusion de quoi que ce soit".
Le livre "est sorti en librairie et des informations que nous avons, ça ne se bouscule pas pour l'acheter. C'est le bide de l'été, c'est clair (...). Là, c'est le livre de trop pour M. Péan", a ajouté M. Billie By Nzé.
"Vous avez quelqu'un qui a besoin d'argent concret dans ses poches et qui écrit sur le Gabon", a-t-il encore lancé à l'adresse de Pierre Péan.
En 1983, Pierre Péan s'était déjà intéressé au rôle de la "Françafrique" au Gabon dans le livre "Affaires africaines", qui revient sur les collusions entre intérêts politiques et industriels français d'une part, et le petit émirat pétrolier d'Afrique centrale d'autre part.