près une année 2013 difficile, la ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Ida Reteno Assonouet, qui a été privée de son service de sécurité, devra apprendre à conjuguer avec ses collaborateurs de la Sécurité pénitentiaire qui l’accusent de bloquer les avancements et promotions des officiers et sous-officiers de ce corps paramilitaire qui compte 800 agents. Remontée, la Garde des Sceaux a eu du mal à contenir sa colère au cours de l’entretien qu’elle a initié le 6 janvier 2014.
Soucieuse de bien entamer l’année 2014 sur la base de la franchise et de la saine collaboration, Ida Reteno Assonouet, la ministre de la Justice Garde des Sceaux, a réuni autour d’elle, le 6 janvier 2014, le commandant adjoint de la Sécurité pénitentiaire, l’inspecteur général de ce corps, ses officiers supérieurs, sous-officiers et agents de rang pour dénoncer le malaise qui sévirait actuellement au sein de la famille pénitentiaire et dont elle serait la cause.
Optant pour la franchise lors de cet entretien avec ses collaborateurs, Ida Reteno Assonouet a tenté, par ses arguments, de dissiper les incompréhensions entretenues au sein de son département ministériel et qui, selon elle, seraient fondées sur des inventions, des contre-vérités dont la finalité est de mettre en mal la sérénité de la Sécurité pénitentiaire. Le ministre de la Justice a également essayé de rassurer les pénitenciers de ce qu’elle travaillera toujours dans l’intérêt bien compris de ce corps paramilitaire.
«La situation qui prévaut actuellement dans votre corps n’est pas sereine. Un gros malaise s’est installé. Certains attribuent ce malaise au fait qu’à ce jour le tableau d’avancement et de promotion en grade des agents ne soit pas conforme aux promesses diffusées avant la tenue des travaux de la commission. Mais bien plus, ce malaise résulterait de ce que le ministre en charge de la sécurité pénitentiaire est accusé de bloquer les promotions des avancements. Ces contre-vérités diffusées ne sont mues que par un seul intérêt, purement populiste», a indiqué Ida Reteno après avoir souhaité à ses hôtes et à leurs familles les meilleurs vœux pour 2014.
Aussi important, voir capital que cela puisse paraître pour les 800 agents, le fait d’avoir été contrariés dans leur désir de connaitre des avancements, promotions en grade aurait débouché, selon la Garde des Sceaux, sur des dérives sans précédent, caractérisées par des menaces, injures, rébellions, séquestrations de hauts fonctionnaires. «Le ministre en charge de la Sécurité pénitentiaire que je suis, a été dépouillée de sa sécurité à minuit trente. Un plan prémédité. Les gardes qui assuraient la surveillance de ma résidence ont été transportés par un bus. Demain à qui le tour ? C’est à ce prix qui vous auriez eu vos galons pour 800 personnes ? Vous exposez le ministre à tous les dangers, vols, braquage, viol, crime, au prix des galons. On ne peut pas faire plus fort. Et le premier responsable de ces dérivés n’est tout autre que le commandant en chef de la sécurité pénitentiaire», a-t-elle fustigé.
Au regard du caractère jugé fallacieux et dangereux des réactions et l’absurdité de la diffamation à son endroit, Ida Reteno a tenu à apporter plus de précision sur son rôle dans le traitement de la situation des agents en attente de promotion ainsi que sur ses limites dans ce processus qui fait couler beaucoup d’encre et de salive au sein de la sécurité pénitentiaire. «Je persiste à le dire je suis tenue dans la mission qui est la mienne par l’application de la loi et l’intérêt supérieur de la Sécurité pénitentiaire, sans calcul et sans intérêt égoïste. Le ministre en charge de la Sécurité pénitentiaire apprécie les travaux de la commission consultative permanente sur la base de la loi, sur la base des règlements. Il n’y a point de promotion sans décision du président de la République», a-t-elle rappelé.
Selon la Garde des Sceaux, la réalisation du tableau d’avancement et de promotion en grade est menée par une commission consultative permanente conformément à la loi n°17/93 du 6 septembre 1993 portant statut particulier des personnels du corps paramilitaire de la Sécurité pénitentiaire, conformément au décret n°654 PR du 24 février 2004 fixant l’organisation et le fonctionnement des commissions instituées au sein de la Sécurité pénitentiaire et l’arrêté 20 du 28 décembre 2011 portant détermination de la procédure applicable en matière d’avancement, de mutation de promotion au sein de la Sécurité pénitentiaire.
«Lors des travaux, cette commission examine les dossiers en s’appuyant sur un certain nombre de critères clairement établis permettant de proposer un agent à une promotion. Ces critères sont les suivants : l’agent ne doit pas avoir écopé d’une sanction disciplinaire au cours des 3 derniers mois, il ne doit pas avoir obtenu une note inférieure à 15/20 et surtout, il doit avoir rempli une certaine ancienneté dans son grade au moment où se tiennent les travaux de la commission. Une fois les travaux achevés, les procès-verbaux desdits travaux accompagnés des mémoires portant travaux d’avancement sont transmis par le commandant en chef au ministre en charge de la Sécurité pénitentiaire qui formule, après vérification, son avis, qui peut être favorable ou défavorable. Par la suite, les propositions retenues par le ministre sont transmis à monsieur le président de la République, chef de l’État, qui décide en toute souveraineté. Il n’y a point de promotion sans décision du président de la République», a-t-elle précisé.
«Que vous soyez promu, ou que vous ne le soyez pas parce que le temps n’est pas encore arrivé ou parce que vous ne remplissez pas les conditions, d’où que vous veniez, son excellence Ali Bongo Ondimba demeure le président de la République gabonaise, c’est-à-dire le président de tous les Gabonais. Cette illustre institution n’est pas davantage le président de certains et moins le président des autres. Alors je trouve très indécent, très irrévérencieux, de mêler l’illustre personnalité du président de la République, chef de l’État, à toutes les démarches hors la loi pour justifier telle ou telle démarche. Chez les autres on parlerait de trafic d’influence et de crime de lèse-majesté», a conclu Ida Reteno, toute remontée.