A l’heure où tout semble aller de mal en pis dans le monde du travail au Gabon, le médiateur de la République gagnerait à sortir définitivement de sa discrétion aux allures de silence complice.
Les agents publics de Santé, de l’éducation, et du transport aspirent désormais à enclencher une grève généralisée suite à plusieurs retards constatés dans le traitement de certains dossiers urgents, à l’image des conditions de travail, et du paiement de la Prime d’incitation à la performance (PIP).
Le médiateur de la République est plus que jamais attendu dans l’arène des conflits sociaux au Gabon. Après son silence continu sur le déguerpissement barbare par les forces de l’ordre des grévistes de la faim paisiblement installés à la cathédrale Sainte Marie en septembre, le médiateur n’a plus le droit de se taire sur le climat qui prévaut actuellement dans les différents syndicats de la fonction publique. En effet, réunis en assemblée générale le 20 octobre, les agents du Ministère des Transports ont menacé de rentrer en grève illimitée dans des brefs délais si les différents points contenus dans leur cahier de charge ne trouvaient pas de solutions. Ils parlent entre autres des bus de transport des personnels, de la démission de l’actuel Secrétaire général dudit ministère accusé de malversations financières, et l’harmonisation du paiement de la PIP.
En outre, les agents de santé lassés de réclamer les meilleures conditions de travail dans certaines structures sanitaire, jettent leur dévolu sur le paiement de la PIP. Si ce paiement est attendu pour le mois en cours, le procédé par lequel le Gouvernement compte régler sa « dette » n’arrange guère les hommes en blouse puisqu’on parle désormais de reliquat. Cela sous-entend qu’une soustraction se fera entre la prime de risque et la PIP. Le résultat sera alors distribué à ces fonctionnaires. Chose qu’ils ne sont pas du tout prêts à accepter.
De plus, le secteur de l’éducation n’est pas en reste. En effet, il est sans doute le premier à avoir démontré le niveau de tension qui règne à la fonction publique. Il y a une semaine, certains grévistes avaient retenu le ministre de l’Education Ida Reteno dans les locaux du Ministère. Une scène qui avait tout d’une prise d’otage. Et là, un gréviste avait précisé que « ce n’était qu’un avertissement ». Car ils n’en peuvent plus de ces problèmes qui perdurent et dont « on ne voit aucune volonté politique de trouver des solutions définitives. Le problème d’intégration des anciens stagiaires, le paiement de la PIP et la prime d’incitation à la fonction enseignante (PIFE), autant de revendications qu’on brandit sans suite. Nous n’irons pas en classe cette année ».
Cette tension grandissante, devrait davantage interpeller les autorités compétentes, et en cas d’absence de négociation entre les différents acteurs, le médiateur ne devrait pas hésiter à se positionner. Car, c’est ce pourquoi cette fonction a été instituée. Madame le médiateur, doit se défaire de son statut d’ « oiseau rare ».