Malgré les bonnes intentions du gouvernement gabonais, notamment depuis l’accession du Président Ali Bongo Ondimba à la magistrature suprême, il y a quatre ans, pour de nombreux gabonais, accéder à la propriété en bâtissant sa propre maison est un rêve difficilement accessible. Trop de contingences freinent les ambitions et l’envie des uns et des autres de devenir propriétaire.
Précarité de l’emploi, baisse du pouvoir d’achat, cherté des matériaux de construction et niveau des salaires sont, entre autres, raisons qui rendent le projet d’accès à la propriété immobilière difficile, voire impossible pour un grand nombre de Librevillois.
A 57 ans, Louis M., un fonctionnaire proche de la retraite ne sait plus à quel saint se vouer. Depuis qu’il travaille, il n’a pas pu se faire bâtir la moindre case où il reposera ses vieux jours. Et pour cause, les multiples sollicitations dont il fait l’objet au sein de sa nombreuse famille ne lui ont pas permis de donner corps à son rêve. Pour devenir propriétaires sans se ruiner, certains entreprennent de se serrer la ceinture jusqu’à l’asphyxie ou de construire eux-mêmes leur maison. Mais l’opération apparaît parfois longue et complexe. «Je n’en dors plus. Je ne sais pas où je vais finir mes vieux jours. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tenté. Mais, mes moyens et les nombreuses poches de dépenses familiales ne me permettent pas de le valoriser», a-t-il laissé entendre dans une discussion avec le frère venu calmer son épouse remontée après son retour tardif à la maison.
Le 22 mai 2012, le chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo Ondimba, présidait le Conseil de cabinet consacré à la question de l’habitat. L’objectif était de permettre aux Gabonais d’avoir accès, avec facilité, aux logements décents. Le président avait également rappelé la volonté du gouvernement de traiter avec efficacité l’ensemble des questions liées à l’urbanisation des grandes villes. Or, à ce jour, les Gabonais eux subissent de plus en plus le diktat des propriétaires de logements véreux qui profitent de cette situation calamiteuse pour assouvir leur soif sans limite du lucre.
Sur le terrain, les problèmes des Gabonais désireux de se bâtir une maison augmentent de jour en jour. Entre les tracasseries pour avoir un terrain et les coûts élevés des matériaux, il y a aussi la guerre des prix de loyers qui ne dit pas son nom. Du jour au lendemain, certains propriétaires de maisons augmentent les prix des logements mis en location et se justifient en prenant prétexte sur l’augmentation des prix des matériaux de construction. Toute chose qui contribue encore à vider les poches des locataires et les astreints à demeurer dans cette situation précaire.
Pour contourner la difficulté, de nombreux parents offrent d’héberger leurs enfants et petits-enfants dans ces situations afin que l’argent qui aurait dû partir en location soit utilisé à d’autres fins.
Ce qui est sûr, c’est que chacun avoue caresser, dans le secret, le rêve d’être propriétaire de son logement. «J’ai décidé de me lancer sans tarder. Aussi ai-je immédiatement acheté un terrain avec mon rappel», a dit un enseignant de 38 ans en poste à Mouila.
Par ailleurs, de nombreuses personnes s’endettent désormais pour se lancer dans les constructions de leur maison. D’aucuns font appel à des banques. D’autres encore aux tontines et autres cotisations. «C’est difficile de trouver quelqu’un, surtout parmi les jeunes et les fonctionnaires, qui a construit sa maison d’un trait sans un emprunt ?», interroge un fonctionnaire du ministère de la Santé qui reconnait que tout cela n’est pas sans conséquence.
«Si les 5000 logements promis par le Chef de l’Etat pouvaient être à la disposition de tout le monde, ça serait une bonne chose. Mais comme on sait comment ça fonctionne dans notre pays : seuls quelques privilégiés vont en bénéficier. On voit une cité sortir de terre à Angondjé, mais il y aura des magouilles en vrac. Et le problème restera entier. Les prix des loyers vont continuer à grimper et la majorité des Gabonais seront sans leur propre logement. Les autorités doivent revoir tout cela. Nous sommes maintenant en 2014», a lancé une étudiante qui, avec sa bourse d’étude a commencé à monter un studio sur le terrain familiale au PK8.