Créé en 2006 pour soutenir les familles des victimes de crimes rituels dans leur combat pour la justice, l’Association de lutte contre les crimes rituels (ALCR) de Jean Elvis Ebang Ondo, semble petit à petit se détourner de sa mission qui peine à porter ses fruits au regard de l’immobilisme et de la complaisance avec laquelle les autorités compétentes traitent de ce phénomène barbare dont le plus grand acte posé à nos jours reste la marche du 11 mai 2013.
Prévisible pour certains et surprenant pour d’autres, le rapprochement entre le président de l’Association de lutte contre les crimes rituels (ALCR), Jean Elvis Ebang Ondo et le régime en place n’est plus une chimère, à la lecture de l’hebdomadaire Nku’u le messager. «On vous avait pourtant prévenus, mais nous n’y avons pas cru. Aujourd’hui, la vérité est connue. M. Jean Elvis Ebang Ondo s’est servi de nous pour grappiller des millions chez les émergents», relaie le journal.
En prenant part à la rencontre organisée par la première dame du Gabon, Sylvia Bongo, le 19 avril 2013, dans le cadre d’une réunion avec des représentants des cultes religieux engagés contre les crimes dits rituels, et en acceptant de marcher à ses côtés le 11 mai de la même année, Jean Elvis Ebang Ondo, se serait fourvoyé au détriment du combat que s’est fixé l’ALCR qui jusque-là pointait du doigt les hommes politiques.
Pour certains membres de cette association qui qualifient cet acte de trahison, le changement considérable du train de vie de Jean Elvis Ebang Ondo, avec une grosse voiture de luxe toute neuve, des voyages répétitifs en classe affaires, serait l’effet visible de la récupération, à des fins propagandistes et politiques par la Sylvia Bongo et les siens, du combat que s’était assigné l’ALCR et d’autres organisations de lutte contre les crimes rituels, notamment le collectif des femmes contre ce fléau.
Pour les détracteurs de Jean Elvis Ebang Ondo, président fondateur de l’ALCR et dont le propre fils a été assassiné (son corps mutilé a été retrouvé sur la plage de Libreville), la gestion de l’association serait conduite telle une épicerie familiale : à la présidence Jean Elvis himself, aux finances son épouse et aux affaires courantes les enfants. Pourtant M. Ebang Ondo a continué, après la marche organisée par la Première dame contre les crimes rituels, de s’afficher pour dénoncer ces pratiques barbares. Le 7 novembre 2013, par exemple, du fait de l’approche des dernières élections et de ce qu’elles sonneraient l’ouverture de la saison criminelle avec mutilations d’organes, le président de l’ALCR a donné une conférence de presse pour tirer la sonnette d’alarme et rappeler que la campagne électorale «est une période de douleurs et de pleurs … C’est le redémarrage de la période des crimes rituels». Il s’affichait là aux côtés du journaliste Jonas Moulenda, également connu pour ses dénonciations des crimes dits rituels, et de la mère de la petite Catherine Ekovone, assassinée et mutilée à Nkoltang deux semaines auparavant. Exercice d’hypocrisie ou simple figuration ? On ne saurait y répondre de manière tranchée. Une chose est sûre, tout le monde se demande où le fonctionnaire du ministère de l’Education nationale a-t-il trouvé les moyens qui ont transformé son train de vie ?