A quelques mois seulement de l’échéance prévue pour le passage de passage de la télévision analogique à la télévision numérique, les professionnels des médias sont sceptiques quant à l’aboutissement de ce projet.
Depuis l’annonce du passage au «tout numérique», rien ou presque n’a véritablement bougé en ce sens. Et pourtant, le Gabon ne manque pas d’atouts pour réaliser cette ambition affirmée. Récemment encore, plusieurs journalistes et agents des médias publics ont émis des inquiétudes au sujet de la migration de la télévision analogique à la télévision numérique, prévue pour juin 2015, selon le calendrier fixé par l’Union internationale des télécommunications (UIT). Une vue de l’esprit, prétendent certains professionnels du secteur pour qui de nombreux outils restent à mettre en place avant la matérialisation dudit projet.
Ainsi, au cours d’une assemblée générale organisée le 14 octobre dernier, à la «Maison Georges Rawiri», les membres du Syndicat national des professionnels de l’audiovisuel public (Synapap), ont interpellé le gouvernement sur la nécessité de mettre en place des mécanismes visant à renforcer les capacités des agents, pour l’effectivité des différents projets annoncés, notamment le passage au numérique. S’ils estiment qu’il est illusoire d’espérer voir la radio nationale honorer ce rendez-vous, il en va de même pour ce qui est de la télévision. «Pour la télévision, on ne peut pas passer au numérique sans la formation des agents», soutient Aminata Brigitte Ondo Mendogo, leader du Synapap, avant de relever l’absence d’outils techniques pouvant permettre une telle migration. A cet effet, les professionnels des médias publics disent avoir besoin de séances de formation et de recyclage avant d’envisager travailler sur le format numérique.
Dès lors, des interrogations surviennent : quels enseignements le Gabon a-t-il tiré du 13e Forum africain sur la régulation des télécommunications et des technologies de la communication qu’il a organisé du 18 au 20 juin 2012 ? La réponse négative à cette interrogation est bien plus qu’évidente. Sinon, comment comprendre que 2 années après, la rencontre initiée sous le thème «Migration de la télévision analogique vers la télévision numérique : partage d’expériences, stratégies de migration et dividende numérique», n’ait accouché de rien ? A l’évidence, il est désormais certain que le «tout numérique» au Gabon, ce n’est pas pour 2015. Voilà une question qui donne un tout autre sens à la récente séparation de la communication et de l’économie numérique, en 2 ministères distincts, respectivement dirigés par Denise Mekam’ne et Pastor Ngoua.