Détenu pour des raisons qui, jusque-là, échappent encore à de nombreux Gabonais, l’étudiant entame, le 7 octobre prochain, son 4e mois à la prison centrale de Libreville, dans l’indifférence totale.
Où en est-on avec l’«affaire Ollo Obiang» ? C’est la question que se pose une poignée de Gabonais encore lucides. L’étudiant qui n’est que trop habitué à des démêlés avec les autorités de l’Université Omar Bongo (UOB), croupit depuis déjà 3 mois dans les geôles de «Sans-famille», où il entamera son 4e mois de détention, le 7 octobre prochain, dans une indifférence générale. Le fait est que l’étudiant Firmin Ollo Obiang n’est pas à sa première détention. Candidat à un fauteuil de conseiller municipal de Libreville, sur la liste de la candidate indépendante (opposition) Chantal Myboto Gondjout, il fut interpellé le 29 octobre 2013 et gardé à vue pendant près d’une semaine suite à une plainte des autorités rectorales pour «trouble à l’ordre public ». La détention actuelle de ce leader étudiant est l’objet de toutes les supputations. Pour certains, elle «n’a que trop duré» et cache mal des considérations politiques. «On veut le tuer pour des raisons politiques !», entend-on parfois. «Son incarcération est justifiée, au vu des troubles enregistrés au sein de l’UOB, il y a plusieurs mois», rétorquent d’autres.
Si l’on convient que justice doit être faite au sujet desdits troubles qui ont fortement perturbé les activités académiques au sein de l’établissement mettant en danger la sécurité de quelques enseignants, étudiants et agents des forces de l’ordre, comment justifier que depuis bientôt 4 mois, le jeune étudiant n’ait pas été jugé ? De quoi s’agit-il au juste ? Rien n’est clair dans cette affaire. D’autant plus que, mis sous mandat de dépôt et placé en détention préventive «pour les besoins d’enquête», ainsi que l’a rappelé son avocat, Me Naomie Assoumou, l’infortuné aurait dû sortir il y a quelques temps sous certaines conditions, comme c’est le cas dans certaines affaires. Pourquoi son cas est-il si «particulier», s’interroge-t-on, interloqué. «Des criminels connus, et dont les noms ont été cités dans les médias, se pavanent dehors, parce que dit-on, ils auraient payé une caution, ou seraient dans les bonnes grâces du pouvoir en place. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour cet étudiant ?», s’est récemment interrogé un de ses anciens condisciples, pour qui, bien plus que ses positions tranchées, le jeune homme payerait désormais pour sa relation avec l’opposition. Serait-ce donc là, la justice équitable promise par le pouvoir émergent ? De même, estiment certains, l’attentisme de certains avocats depuis le début de cette affaire laisse plutôt songeur. Après tout, peut-être mérite-t-il ce qui lui arrive. Mais à quel point ?