En vue de préparer l’arrivée à Port-Gentil des leaders du Font de l’opposition pour l’alternance, une causerie politique a été organisée dans la capitale économique avant d’être perturbée par le fils du propriétaire des lieux. Mais, le message était passé : une autre diatribe envers Ali Bongo et sur la récente descente de Patience Dabany à Port-Gentil.
Les associations soutenant le Font de l’opposition pour l’alternance ont organisé, le 4 octobre dernier à Port-Gentil, la deuxième rencontre d’une série visant à préparer l’arrivée de Jean Ping et des dirigeants du Front dans la capitale économique. Organisée dans une concession privée au quartier Chic, la causerie a permis de préciser l’arrivée des dirigeants du Front. «Nous leur avons demandé de terminer par Port-Gentil. Une chose est sûre, avant décembre ils seront parmi nous», a déclaré André Mbourou, président de l’Upds, répondant à un sympathisant qui manifestait son impatience.
Comme lors de la première rencontre, les trois orateurs – Geoffroy-Fity, un ancien du PGP, Féfé Onanga et André Mbourou, président de l’Udps -, ont fait le procès du «système des Bongo» qui, selon eux, est fait pour maintenir les Gabonais dans la misère. Revenant sur les promesses non tenues d’Ali Bongo, ils estiment que c’est une raison suffisante pour que le peuple ne lui renouvelle pas sa confiance en 2016.
L’occasion était également bien indiquée pour ces associations proches de l’opposition de dire un mot sur la récente descente de Patience Dabany à Port-Gentil. «Vous comprenez aujourd’hui que le Gabon est la propriété des Bongo. Patience Dabany à Akebe, Mont-Bouët, au stade omnisport, à Akanda. Et aujourd’hui elle réclame des terrains à Port-Gentil mettant à la belle étoile des Gabonais qui occupaient ces espaces. Donc tout pour elle et rien pour les autres. Comment est-ce possible au moment où son fils nous parle du pacte social ?» s’est interrogé Féfé Onanga avant de demander aux Port-Gentillais de se souvenir de tout cela lors de l’élection de 2016.
Le président de la coordination des associations soutenant le Front de l’opposition pour l’alternance en a profité pour situer l’assistance sur les terrains de Matanda et de Bornaves que réclame la mère du président. «Tout le monde sait que le marché a été construit sur un terrain du ministère de l’agriculture. D’ailleurs tous les Port-Gentillais se souviennent qu’à cet endroit se trouvait un centre horticole. La mairie à l’époque avait proposé en échange un terrain à ce ministère derrière la prison. Quant aux bâtiments devant abriter la maternité Joséphine Bongo, on ne peut pas aujourd’hui nous dire que cet édifice public a été construit sur un terrain privé. C’est totalement incohérent !» s’est-il écrié avant de lancer : «Ce sont ces injustices que nous combattons».
Geoffroy Nkendjo-Fity dans sa diatribe contre le régime Bongo, s’est également appesanti sur le volet social, démontrant une fois de plus que toutes les promesses faites par le pouvoir pour améliorer le quotidien des Gabonais n’ont malheureusement pas été tenues avant de lancer un appel à «défendre Ping qui est tellement attaqué aujourd’hui parce qu’il a tout simplement décidé de quitter le PDG».
«Où sont les salles de classes, où sont les logements ? Ceux qui ont signé le Pacte social doivent nous expliquer», a lancé André Mbourou en prenant la parole. Pour le président de l’Udps, les enquêtes initiées sur les fêtes tournantes et d’autres affaires dans lesquelles sont cités des leaders de l’opposition, ont un air de règlement de comptes dans. «On a fait un audit sur la fonction publique, qu’a-t-on fait des résultats ? Ali n’a qu’à faire une bonne fois le procès du système mis en place par son père au lieu de nous divertir». Répondant à une question sur l’attitude du président du PDS qui soutient le pacte social, André Mbourou n’y est pas allé par le dos de la cuillère. «Monsieur Ndaot a déçu ses militants et ses sympathisants. Quand on fait ce qu’il vient de faire, vous devez sanctionner. Parce qu’il est clair qu’il a rallié le pouvoir. On ne peut pas continuer à être dans l’opposition en soutenant le pouvoir. Il ne l’a pas fait pour vous mais il l’a fait pour lui», a-t-il martelé.
C’est justement à ce moment-là qu’un inconnu a fait irruption dans la cour où se tenait la rencontre arrachant quasiment le micro à l’orateur avant de s’adresser aux organisateurs. Il s’est présenté comme le fils de l’actuel maire adjoint de la commune de Bitam, M’Ekégué, et a déploré le fait que cette rencontre a été organisée sans que la famille n’ait été consultée au préalable. Les membres de la famille ont également avancé qu’ils subissaient des pressions aussi bien de leur père, un élu du Parti démocratique gabonais (PDG), pour mettre un terme à cette causerie de l’opposition. Comme il fallait s’y attendre les choses ont failli dégénérer, les militants qui s’y étaient rassemblés demandant aux organisateurs de ne pas tenir compte des injonctions de la famille. Mais l’essentiel ayant été dit, Féfé Onanga et les leaders associatifs qui l’accompagnaient ont choisi de se plier aux vœux de la famille et de calmer la foule en colère. «Nous n’allons pas céder à la provocation ni baisser les bras. Nous retrouverons à nouveau dans les tout prochains jours pour continuer à mobiliser afin de préparer l’arrivée des leaders du Front uni à Port-Gentil», a déclaré le président du Mouvement populaire des radicaux.