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Interview/Fridolin Mve Messa: « Le ministère de l’Education nationale est devenu la cour du roi Pétaud »
Publié le samedi 4 octobre 2014   |  Gaboneco


Fridolin
© Autre presse par DR
Fridolin Mve Messa,le secrétaire général du Syndicat de l`éducation nationale (Sena).


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La rédaction de Gaboneco.com a rencontré Fridolin Mve Messa, secrétaire général du Syndicat de l'éducation nationale (Séna) qui a déposé lundi 29 septembre 2014, un préavis de grève de huit jours sur la table du gouvernement. Dans cette interview, il revient entre autres sur les raisons qui ont poussé le Séna au dépôt du préavis de grève et sur le procès qui l'oppose à certains membres du syndicat qui le soupçonnent de détournements de fonds et de faux en écriture.

Gaboneco (Ge): Le Séna a déposé lundi 29 septembre 2014 un préavis de grève sur la table du gouvernement. Quels sont les points qui n'ont pas été satisfaits à ce jour?

Fridolin Mve Messa: Le Séna étant un syndicat organisé, lorsque nous devions amorcer cette nouvelle année scolaire, nous avons fait notre rentrée syndicale le 17 septembre dernier et tenu une assemblée générale le 27 septembre qui a eu lieu simultanément à Libreville et à l'intérieur du pays, pour faire le point des travaux de la commission interministérielle mise en place par le ministre Léon Nzouba avant sa démission.

L'assemblée générale étant souveraine et considérant que les résultats obtenus étaient mitigés et insignifiants, nous avons décidé de déposer un préavis de grève sur huit jours ouvrables.

Parmi les points qui n'ont pas été satisfaits, il y a par exemple la situation administrative des enseignants, notamment ceux du pré-primaire dont la moitié, c’est à dire 800 sur 1600 d’entre eux, ont des dossiers en partance pour la Fonction publique alors que nous avions convenu avec le ministre Nzouba que ces derniers devaient recevoir leur premier salaire en septembre.

A ceux-là, s'ajoutent les enseignants du secondaire qui sont environ 600 également en situation de recrutement direct dont les dossiers n'ont pas toujours abouti. Il y a les promotions 2013 de l’ENI et de l'ENS dont certains n'ont même pas de présalaire.

Il y a le relèvement de leur fonction des responsables de la Direction générale des examens et concours à cause de la gestion et l'organisation calamiteuse des examens. Il y a le paiement des vacations et des arriérés de la Pife qui auraient dû être versés avant la rentrée des classes, tel que l'avait décidé le ministre Léon Nzouba. Il y a aussi le problème de gestion des stages car vous n’êtes pas sans savoir qu'en 2011, le ministère a envoyé 75 enseignants en stage au Ghana qui n'ont fait qu'un an parce que l'Etat les avait mal orienté en mettant de l'argent chez un particulier qui ne leur a pas permis de poursuivre leur stage. Cette année nous n'avons pas pu envoyer en stage des inspecteurs, conseillers pédagogiques, des professeurs dans les disciplines qui nous manquent parce que l'inspection générale des services (Igs) qui a géré ce dossier, l'a fait avec légèreté. A cela s'ajoute le paiement de la Pip qui doit être versée aux ayant-droits et nous disons que les enseignants doivent être pris en compte dans le paiement du 2e trimestre. Et enfin, nous nous insurgeons contre la transformation des écoles primaires en lycées et collèges. Ce qui ne règle pas le problème des effectifs pléthoriques. Nous exigeons que les salaires des leaders syndicaux coupés en 2011 soient payés.

Ge: Malgré les multiples grèves qui résultent des promesses non tenues par le gouvernement, on se rend compte que les choses restent apparemment en l'état. Qu'est-ce qui pousse les syndicats comme le vôtre à persister sur cette voie?

Fridolin Mve Messa: Le Séna a changé de tactique. Il n’entre plus en grève de manière systématique car, après les grèves de 2009 et de 2011, notre syndicat n'a plus jamais fait grève. Nous avons privilégié le dialogue parce qu’on ne va pas en grève pour épuiser les énergies de nos membres, mais pour poser un problème et obtenir un résultat.

Et pendant ce temps, on préserve la base car même lorsqu’on est en guerre, on doit parfois observer une trêve et c'est ainsi que la société fonctionne. On ne peut pas fonctionner uniquement avec les grèves au risque que plus personne n’y prête attention. Faites un constat, avez-vous vu les choses avancer malgré ces grèves?

Presque rien! Nous disons que nous ne devons plus continuer dans cette logique, mais plutôt privilégier la négociation. L’ex-ministre Nzouba a fait en sorte que la journée de l'enseignant soit à nouveau organisée, il est celui qui a permis que le concours d'entrée à l'ENS s'ouvre à d'autres filières, que les enseignants qui ont été affectés de manière anarchique soient ramenés à Libreville. A partir de ces petites choses, les syndicats devraient se dire qu’il y a du répondant de l'autre côté et pour ça, il faut fédérer les énergies afin que les problèmes qui existent soient réglés de manière collégiale. Si nous avons pris la décision de déposer un préavis, c'est par rapport à la base qui a estimé que les résultats des négociations avec la tutelle étaient mitigés. Si la tutelle donne des garanties fermes avant le 8 octobre prochain, nous sensibiliserons notre base.

Ge: Dans son discours de rentrée scolaire aux allures de négociations, le ministre délégué Serge Emane Nsolet a invité les partenaires sociaux à la conciliation, au regard des points qui ont été satisfaits. Qu’en dites-vous?

Fridolin Mve Messa: Pour ma part, j'estime qu'on doit d'abord donner l'exemple soi- même. Lorsque le ministre prône l'apaisement, les partenaires ne sont pas des casseurs, des assoiffés. Les partenaires sont des gens qui souhaitent que lorsqu'on leur promet quelque chose, on honore ses engagements avant la date d’échéance.

Nous voulons croire aujourd'hui en ce que dit le ministre, mais nous avons des doutes parce que nous avons travaillé ensemble depuis janvier, et la tutelle nous a promis bon nombre de choses. Je pense qu'après le départ du ministre titulaire, il aurait pu prendre le relais pour faire en sorte que les dossiers restés en suspens aboutissent rapidement. Nous attendons un signal fort de la part du gouvernement afin que le préavis de grève soit suspendu.

Ge: Il y a quelques semaines, le porte-parole de la présidence de la République déclarait que le fait qu'il n'y ait plus de ministre titulaire au ministère de l'Education nationale ne posait aucun problème dans son fonctionnement. Partagez-vous cet avis?



Fridolin Mve Messa: Je voudrais vous dire qu'il y a des problèmes. Le ministère de l'Education nationale est devenu la cour du roi Pétaud où il n'y a aucun chef. La preuve, je vous montre deux décisions d'affectation dont l'une porte le numéro 0087 et l'autre le numéro 0089 nommant des directeurs d'écoles. Comment comprendre qu'en l'espace d'un mois, une administration puisse sortir deux décisions d'affectation? A ce jour, aucun chef d'établissement n'a été nommé ou remplacé dans ses fonctions, c'est un autre désordre.

Nous amorçons la rentrée des classes sans véritable organisation et il s'est installé une politique de commercialisation dans les lycées et collèges. Le système de prélèvement forcé des mutuelles est de retour avec des taux qui varient d'un établissement à un autre. Vous allez au lycée Nelson Mandela, on vous dit que c'est 5000F, au lycée Paul Indjendjet Gondjout 3000F et à Sibang 2000 Fcfa. Donc chaque chef décide selon ses besoins personnels.

Ce sont autant de griefs que nous portons à l'attention des gouvernants pour leur dire que lorsqu'un ministre démissionne, ils doivent de suite en nommer un autre ou confirmer le délégué de ce ministère, aussi sensible soit-il. L'actuel ministre délégué est limité dans son action et il apparaît urgent pour le gouvernement de trouver rapidement quelqu'un d'autre afin que nous ne connaissions pas d'autres difficultés.

Ge: Il y a quelques mois, vos camarades ont porté plainte contre vous pour détournement de fonds et faux en écritures. Quelle a été la décision de justice lors du procès du 10 septembre?

Fridolin Mve Messa: Cela me fait rire parce que lorsque vous gérez des gens, il faut accepter les humeur des autres. J'ai deux requêtes avec moi qui émanent de nos camarades qui, dans leur première requête, demandent que le compte des partenaires finlandais et français qui financent les activités du Séna soit fermé.

Lorsque nous arrivons à l'audience du 10 septembre dernier, ils changent de requête et demandent que le trésorier du syndicat soit cosignataire du compte OAJ qui est le nœud du problème avec le secrétaire général. A l'analyse des faits, on se rend compte qu'ils se sont ravisés parce qu’ils ont constaté qu'ils faisaient fausse route.

De plus, ils ne peuvent pas aller à l'encontre de la décision d'un bureau exécutif qui décide de manière collégiale et à la majorité. Le bureau avait décidé avec l'accord des partenaires qui ont mis cette exigence dans le contrat qui stipule que le Séna ouvre un compte et eux désignent les gestionnaires. Ce que nous avons accepté et signé en présence de ceux qui ont décidé de porter plainte. C'est peine perdue pour eux, l'audience a été renvoyée au 31 octobre 2014. Et selon les statuts et le règlement du syndicat, la personne qui a porté plainte n'a pas compétence pour le faire, d'autant que les textes disposent, notamment dans l'article 81 que « tout membre du Séna reconnu coupable de détournement des deniers ou des biens du syndicat ou qui en fait une utilisation abusive sans autorisation préalable du syndicat, est passible des sanctions disciplinaires prévues par le présent règlement et/ou des poursuites judiciaires prévues par la loi ». Dans l’Alinéa 2, « le bureau national est chargé de la mise en oeuvre de la procédure ou de l'engagement judiciaire conséquent ». Donc celui qui porte plainte a reçu le mandat de qui? Qu'il nous présente le procès-verbal du bureau national qui lui donne l'autorisation de porter plainte.

Gaboneco (Ge): Quels sont vos rapports avec ces camarades et que comptez-vous faire?

Fridolin Mve Messa: Notre décision sera prise en fonction de ce qui va se passer. Mais toutefois, ils ont déjà commis des fautes graves et sont passibles d'exclusion. Car, lorsque vous portez plainte à votre secrétaire sans que vous n'ayez l'autorisation, lorsque vous exposez les problèmes du syndicat à l'extérieur, tous ces actes sont punis par les dispositions règlementaires.

Depuis lors, les responsables ne viennent plus au syndicat et le seul de tous qui travaille encore avec nous, c'est le trésorier parce que nous voulons être légalistes. Il détient tous les documents des quatre comptes du Séna, excepté le compte loyer. Je n'assure que le contrôle administratif parce que cosignataire des chèques qu'il me présente pour payer l'électricité du siège et le personnel. Pour le compte de l'OAJ, il ne peut pas être cosignataire à cause de la convention qui ne le lui permet pas. Et dernièrement, le partenaire OAJ, au courant de ce problème, a réagi en disant qu'il était le seul à pouvoir porter plainte. Donc c'est peine perdue pour ces derniers et le 31 octobre, chacun assumera.

Gaboneco (Ge): Et pour finir, que dites-vous aux parents d'élèves à propos de votre préavis de grève?

Fridolin Mve Messa: Nous sommes un syndicat organisé. Nous voulons faire de la pédagogie et c'est pourquoi je profite de votre média pour dire aux parents d'élèves que nous les recevrons samedi 4 octobre avec la Fédération nationale des associations des parents d'élèves du Gabon (Fenapeg) pour une concertation. Nous ne souhaitons pas les surprendre, mais leur dire que nous avons déposé un préavis sur différents points parce que chacun peut influencer la décision à son niveau afin que la grève soit évitée.

Nous voulons également leur donner des informations sur les décisions qui ont été prises au ministère de l'Education nationale concernant la réforme du Bac, la situation des enfants qui ont fait une grève de la faim et tous les autres problèmes qui minent le secteur de l'éducation, y compris les frais des associations des parents d'élèves qui varient selon les écoles.

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