Les populations en zones rurales se plaignent de la cohabitation avec les éléphants, et les dénonciations se multiplient dans les services des eaux et forêts ainsi qu’à ceux de l’agriculture pour étaler les dégâts causés par certains animaux sauvages.
Gabonews : Malgré des missions de sensibilisation, d’information et d’évaluation conjointement menées par les services des eaux et forêts et de l’agriculture dans les villages du canton Océan à quelques encablures de Port-Gentil, bien évidemment d’autres régions du Gabon sont touchées par le conflit homme-faune, les populations sont remontées. Des mécontentements justifiés par l’arrivée des éléphants dans certains villages, et surtout la destruction des plantations.
Les membres de la Coopérative Enoungwany dont les activités agricoles se font principalement au canton Océan, saisissait en janvier dernier dans un rapport écrit avec photos à l’appui le gouverneur de l’Ogooué-maritime faisant état des dévastations des plantations par des animaux sauvages au mois de décembre 2013. Dans ce même rapport, les éléphants étaient les plus indexés. Ce qui avait conduit Martin Boguikouma à ordonner une mission d’évaluation et de contre-expertise regroupant les eaux et forêts et le service de l’agriculture au village Mbilapè dont les impacts sont toujours visibles malgré le programme de reboisement initié par les villageois eux-mêmes. Aujourd’hui, les villages Ngongouè et Odimba sont les cibles des pachydermes. Des éléphants s’approvisionnent juste derrière les cases à la tombée de la nuit, lorsque ce ne sont pas les plantations qui sont à leur merci. « C’est un problème qui nous dépasse » se révolte Jeanne Koumba ; un éléphant portant le n°27 sur le front a détruit mes cultures, raconte-t-elle. En effet, une grande partie du département de Bendjè est entourée par la réserve de Wonga Wongué, donc les sorties des animaux sont fréquentes.
Le conflit des hommes et de la faune concerne tout le pays, les cultivateurs subissent des pertes importantes dues aux nombreuses destructions des champs par les bêtes sauvages principalement les pachydermes. « Nous demandons aux planteurs de rester à côté de leurs champs » exhorte le secrétaire général de la coopérative Enoungwany, Claude-Landry Pambo. Face à une telle situation, chacun tente de trouver des moyens dissuasifs, les villages se vident au profit des campements agricoles. Il est judicieux que l’Etat gabonais prenne des mesures pouvant faire reculer l’avancée des éléphants. Les populations rurales dorment la peur dans le ventre. Récemment, un éléphant a tué un homme dans l’Ogooué-Ivindo, rapportait radio Gabon.
Les agriculteurs sont sinistrés à Mbilapè, malheureusement ce n’est pas la seule zone touchée par le phénomène de la dévastation des plantations. L’éléphant est dans le registre des animaux intégralement protégés au Gabon, article 3 du décret n°164/PR/MEF du Code forestier. ‘’Si je trouve cette bête dans mon champ, je n’hésiterai pas à tuer’’, tempête Mbiti, l’une des victimes. Cependant, les populations villageoises attendent toujours des mesures d’accompagnement pour contourner rapidement la famine, la précarité, la pauvreté et l’insécurité qui guettent le pays même en milieu rural. Les agriculteurs se découragent progressivement, les dégâts occasionnés par les animaux dans les espaces cultivés sont énormes. Cette situation a, aussi pour conséquence dans les marchés urbains : la flambée des prix des produits alimentaires locaux. « C’est de l’abondance des villages que les villes sont nourries » rappelle le chef du service provincial de l’agriculture, Magloire Medza Abessolo qui, par ailleurs, suggère aux cultivateurs d’habiter autour des plantations. Au village Mandilou près de Fougamou (Ngounié, sud du pays) devant le tort causé par la pénétration permanente des éléphants dans les champs, les habitants n’avaient d’autre choix que d’abattre un pachyderme. Puis, avaient invité le conservateur du Parc national de Waka, Simplice Okoy Elingou, à faire le constat de la légitime défense.
La conservation de la faune est présentement un dilemme dont les solutions sont impérativement attendues pour faire face à la tentation du braconnage, mais surtout d’essayer de repousser les pachydermes des champs et aux alentours des cases. Entre protection des animaux, sécurité des populations et famine, l’Etat doit prendre des mesures.