Jean Eyéghé Ndong, vainqueur du scrutin des élections locales du 14 décembre 2013 dans le 2e arrondissement de Libreville et candidat à la mairie de Libreville, a été amené, par le quotidien L’Union, à faire le point sur sa participation à ces élections et ce qu’il en escompte. L’économie de cet entretien.
Dans un entretien avec le quotidien gabonais L’Union, Jean Eyéghé Ndong, vainqueur du scrutin des élections locales du 14 décembre 2013 dans le 2e arrondissement de Libreville et candidat à la mairie de la première ville du Gabon, est revenu sur le déroulement des élections, l’implémentation de la biométrie dans le processus électoral et les récents propos de certains responsables de formations politiques après le scrutin du 14 décembre dernier. Tenace, l’ancien Premier ministre continue d’afficher ses ambitions pour l’hôtel de ville de Libreville dont la conquête passe désormais par des arrangements politiques avec d’autres formations, notamment le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) et le Centre des Libéraux réformateurs (CLR, membre de la Majorité républicaine pour l’émergence).
Amené à se prononcer sur les élections échues, premières du genre avec des listes un tantinet biométriques, Jean Eyéghé Ndong souligne que sa famille politique et lui, «sans être naïf», étaient «conscients des pratiques de fraude du parti au pouvoir, le PDG [mais] nous ne pouvons pas faire la politique de la chaise vide indéfiniment. Et être en dehors du jeu politique». Un peu comme pour justifier leur participation à cette consultation avant de préciser, au sujet de la biométrie : «nous pouvions nous passer de cette technologie. Pour compter un collège électoral de 500 000 personnes, il n’était pas nécessaire de recourir à celle-ci. Nous pouvions nous passer de la biométrie. Il y a des bons fonctionnaires au Gabon pour se charger de la gestion des élections dans ce pays».
«Cette biométrie est biaisée», a soutenu le dernier Premier ministre d’Omar Bongo, non sans ajouter que ce n’était qu’«une esquisse, avec la photo sur la carte d’électeur. Laquelle ne dispose pas de code barre. C’est une grosse arnaque du pouvoir. L’opérateur, qui s’est chargée de sa mise en place, devra être interrogé sur le fond».
Appelé à se prononcer sur les combinaisons stratégiques de la course à l’Hôtel de ville, Eyéghé Ndong s’appuyant sur les résultats provisoires actuels, s’est contenté d’indiquer qu’«en tant que tête de proue des indépendants, je réfléchis. Concernant ces résultats provisoires, même si l’on nous dit que c’est peine perdue, nous allons tout de même saisir la Cour constitutionnelle dans le cadre du contentieux».
Au regard de ce que Jean Boniface Assélé, leader du Centre des libéraux réformateurs (CLR), tend la main au PDG, son traditionnel allié, on pourrait penser que l’ambition d’Eyéghé Ndong d’être le maire de Libreville, prend un coup. Le vice-président de l’UN ne se démonte pas pour autant, snobant dans une certaine mesure l’annonce de l’oncle du chef de l’Etat gabonais. «Jean-Boniface Assélé tend la main parce qu’il sent que ses amis de la majorité républicaine pour l’émergence veulent lui jouer un tour. Il croit ne pas être dans les bonnes grâces du PDG. C’est un jeu bizarre dans lequel il faut bien trouver un maire de Libreville. En ce sens, il faut une majorité de session. Permettez-moi de ne pas vous dévoiler mon jeu, même si je reste ouvert aux négociations au-delà des partis. Tout est possible et je garde mes chances», a d’emblée répondu Jean Eyéghé Ndong.
Se prononçant sur les propos du Secrétaire général du PDG, Faustin Boukoubi, qui affirmait que le candidat indépendant Eyéghé Ndong a été élu par les «Pédégistes» du 2e arrondissement de Libreville, l’homme de Nkembo, rétorque : «en affirmant que ce sont les «Pédégistes» qui m’ont élu au deuxième arrondissement de Libreville, le patron du PDG ne semble connaître ni la sociologie de cette circonscription électorale, ni le candidat PDG qu’ils ont choisi pour m’affronter. M. Boukoubi ne connaît pas l’image que renvoie le secrétaire général adjoint du PDG, Léandre Nzué, auprès des populations des quartiers de cet arrondissement».
L’hypothèse d’un échec des négociations devant aboutir à l’élection d’un maire de Libreville n’a pas manqué dans cet échange. «Si les tractations achoppent, j’aviserai. Les locales sont des élections de proximité. Aucun de mes concurrents n’avait un projet. Certains, dont mon challenger, ont fait dans la confusion. Le Plan stratégique Gabon émergent (PSGE), projet de société nationale du président Ali Bongo Ondimba, ne saurait être celui d’un candidat à la mairie de Libreville. La tête de liste PDG, dans ma circonscription, a passé tout son temps à faire l’amalgame. Il n’y avait aucun contenu dans son discours face aux électeurs», a-t-il expliqué avant de rappeler : «Mon programme pour Libreville est clair. Les problèmes d’insalubrité, l’entretien de l’espace vert, la construction des marchés et crèches municipales font partie de mes priorités pour la première ville du pays. C’est la politique de proximité que tout candidat à la mairie devra normalement défendre. Au lieu de se complaire dans un projet présidentiel qui ne saurait être à l’ordre du jour lors d’un scrutin qui concerne les préoccupations de proximité des populations». Et toc !