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Edzo Edzo le magistrat, les OPJ et les truands présumés : des questions préoccupantes
Publié le lundi 29 septembre 2014   |  Gabon Review


Fausse
© Autre presse par dr
Fausse monnaie


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Le système judiciaire gabonais est-il truffé de ripoux ? Le récent feuilleton judiciaire avec Mayila dans le rôle principal renvoie nécessairement à cette question. Cette affaire devrait révéler, en toute transparence, l’existence de réseaux mafieux, de magistrats sulfureux et d’enquêteurs de police ripoux.

Depuis le jeudi 25 septembre dernier, une dizaine de personnes, dont l’ancien vice-Premier ministre et avocat Louis-Gaston Mayila, le juge Gérard Edzo Edzo, Yannick Bilal Ondo Bitar, Gabonais d’origine libanaise, des officiers de Police judiciaire et des gendarmes ont été écroués à la prison centrale de Libreville. Une affaire relative à la fabrication de fausse monnaie est à l’origine de ce déferrement massif et de qualité dans le principal établissement pénitencier du Gabon. L’affaire est grave en ceci que si ces personnes sont reconnues coupables, elles devraient être traduites devant une juridiction spéciale, la Cour Criminelle spéciale. La fabrication de la fausse monnaie se situant en effet dans le chapitre des crimes économiques, et de tels crimes sont passibles de la Cour Criminelle.

L’affaire Mayila appelle en tout cas à de nombreuses interrogations. Comment un magistrat peut-il accepter de se faire «acheter» pour étouffer une affaire aussi grave que la fabrication de la fausse monnaie ? La corruption est-elle définitivement entrée dans les mœurs de ceux qui sont appelés à juger nos affaires ? Jusqu’où peut aller un juge qui rend la justice «au nom du peuple gabonais» pour en fausser le verdict ? Les espèces sonnantes et trébuchantes permettent-elles aujourd’hui de fausser le verdict d’un procès ? Au fond, quelle justice nous rend-on aujourd’hui ? Poser de telles questions peut paraître absurde à certains, mais des observateurs existent qui croient encore à l’impartialité de la justice et surtout à son intégrité.

L’opinion s’interroge aussi sur la qualité de la monnaie qui circule dans le pays. Si l’on en croit l’article publié samedi dernier par le quotidien L’Union, qui cite des sources judiciaires, l’ancien ministre de l’Intérieur d’Omar Bongo dispose, à Okala, dans le premier arrondissement de Libreville, d’un «domicile» voué à la fabrication de la fausse monnaie, puisque contenant une planche à billets. Louis-Gaston Mayila a été pris, semble-t-il, la main dans le sac, mais est-on si sûr qu’il est la seule personnalité disposant d’un tel arsenal à Libreville ou en province ? Selon des sources proches de ce dossier, quelques domiciles servant à la fabrique du faux existent, mais ces sources refusent d’avancer toute autre information.

Fait notable, un ressortissant libanais, récemment naturalisé Gabonais, fait partie de la «bande des fabricants de fausse monnaie». Quand on voit comment de nombreux Libano-Gabonais prospèrent en affaires, construisent des immeubles à tout-va, investissent dans divers secteurs, on ne peut manquer de s’interroger sur ces «richesses subites et sans cause». Les réseaux libanais et libano-gabonais sont-ils vraiment au-dessus de tout soupçon ? «Est-ce en vendant des yaourts et de la confiture que l’on peut construire tous ces parcs immobiliers que l’on voit pousser partout dans les milieux libano-gabonais?», s’interroge un Colonel de police à la retraite qui en connaît un bon bout au sujet de telles affaires pour avoir exercé longtemps à la Police judiciaire.

Il y a enfin, dans l’affaire Mayila, des officiers de police judiciaire (OPJ) et des gendarmes. Le quotidien L’Union cité plus haut fait état d’une somme de 3 millions de francs CFA remise par Maître Mayila au magistrat Gérard Edzo Edzo. Celui-ci se serait partagé cette «avance» avec les OPJ et les gendarmes, avec pour mission d’enterrer l’affaire. Tout cela révèle l’existence de ripoux dans la gendarmerie et la police, mais quelle gendarmerie et quelle police ? Des éléments de la Direction générale des Recherches et de l’état-major des polices d’investigations judiciaires. Si ces deux compartiments décrits comme des services spéciaux dont la moralité ne devrait souffrir d’aucun vice comprennent en leur sein des ripoux, il y a là matière à réflexion… Mais l’affaire Mayila n’a peut-être pas encore livré tous les tenants et aboutissants de ce dossier de fausse monnaie, notamment en ce qui concerne les juges mafieux et les officiers de Police judiciaire habitués à souiller l’image de leur service, l’image même de la nation.

On peut comprendre dès lors pourquoi de nombreuses enquêtes, qu’elles concernent des crimes rituels, des assassinats ou des crimes économiques, n’aboutissent pas dans le Landerneau judiciaro-administratif gabonais. «Les enquêtes ne peuvent aboutir s’il existe tant d’éléments bloquants dans le déroulé des dossiers», ajoute le Colonel de police à la retraite. Tout est peut-être à revoir au niveau des hommes, de leur formation notamment, et des institutions.

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