Réunis en Conseil des ministres, le 19 septembre dernier, le gouvernement a décidé de la suppression des précomptes afin de protéger les agents de l’Etat contre la spirale de l’endettement.
Le pouvoir d’achat du gabonais moyen semble préoccuper le gouvernement. Ainsi, en sa séance du 19 septembre dernier, le Conseil des ministres a décidé de la «suppression des précomptes (afin de) protéger les agents de l’Etat contre le surendettement qui est de nature à anéantir tous les efforts consentis pour l’amélioration du pouvoir d’achat des Gabonais». En conséquence, le gouvernement va s’atteler à la formulation d’un «plan de restructuration du système bancaire et financier de l’Etat.
Mais, de quoi s’agit-il au juste ? Pour comprendre cette mesure, il faut se souvenir que le «précompte est la retenue effectuée à la source par le créancier d’une personne alors que cette dernière est débitrice d’une troisième. La personne chargée de la retenue, remet les sommes ainsi prélevées au créancier du débiteur. Ainsi, en est-il des cotisations dues aux Caisses de sécurité sociale ou d’assurance maladie obligatoire qui sont précomptées par l’employeur sur les rémunérations de ses salariés». Dans la réalité quotidienne, le précompte se traduit par des prélèvements opérés par des commerçants et autres organismes de crédits, qui n’hésitent pas à majorer de 4 à 5 fois le prix à payer sur les comptes bancaires d’agents publics. Une pratique qui a plongé de nombreux agents dans le cycle infernal de l’endettement. Il y en a même qui ne parviennent plus à percevoir un salaire conséquent en fin de mois. D’autres en sont arrivés à hypothéquer plus de 60% leurs revenus.
En effet, selon une étude menée par la direction de la Solde, 29.524 fonctionnaires sont surendettés alors que 2.660 sont endettés au-delà de la norme. Cette étude révèle également que 49,95% des fonctionnaires surendettés font partie des forces de défense et de sécurité, 21,66% se exercent au ministère de l’Education nationale et 6,48% sont en service au ministère de la Santé. Parmi ceux à qui on prélève plus de 60% du revenu mensuel, les agents des forces de défense et de sécurité représentent 43% et ceux ministère de la Justice 57%. «Jeune fonctionnaire, j’avais entrepris de meubler mon studio. J’étais donc entré en contact avec un commerçant Libanais qu’on m’avait présenté et j’ai choisi : chaîne hi-fi, téléviseur et VCD, armoire, lit et matelas. Je ne vous cache pas que pendant 3 ans, je n’ai pas pu payer entièrement cette dette. Le type prélevait son argent directement à la solde et je ne pouvais rien faire. J’ai travaillé tout ce temps comme si j’étais toujours au chômage. Car, j’e n’avais plus que des miettes qui ne me permettaient même pas de payer mon taxi», témoigne un agent public. «Cette décision va faire en sorte que les gens se prennent en charge eux-mêmes et planifient leurs vies», commente-t-il. «L’Etat ne va plus prélever de l’argent à la source sur le salaire des agents pour le réserver aux institutions de crédits. Avec l’opération de bancarisation lancée par le ministère du Budget, il appartient à l’agent de l’Etat de traiter directement avec sa banque en vue de régler ses créances », explique, Appolinaire Moukila Maka, conseiller en Communication du ministre du Budget. En attendant, les arriérés des sommes dues empruntées par les agents de l’Etat seront reversées.