Me Louis-Gaston Mayila, président de l’Union pour la nouvelle République (UNPR), a été placé sous mandat de dépôt, ce jeudi 25 septembre en fin de journée. Pris d’un malaise en prison, il aurait été ramené à la clinique Chambrier.
Louis-Gaston Mayila a été pris à l’aéroport de Libreville le 18 septembre dernier, alors qu’il revenait de Port-Gentil, par des policiers en civil. Ceux-ci, selon les sources familiales, appartiennent à la Direction générale de la documentation et de l’immigration (DGDI), ex-Cedoc, et étaient transportés par une voiture de la Gendarmerie nationale qui a disparu depuis lors.
Pour rappel, le président de l’Union pour la nouvelle République (UNPR) était en tractations avec des faux-monnayeurs lui ayant demandé de miser une somme de 30 millions de francs CFA. Ne les ayant pas, il s’est résolu à mettre en gage son automobile de marque Range Rover et un acompte de 3 millions. L’affaire aurait mal tourné et Mayila a porté plainte pour vol de voiture avec perte d’une somme de 3 millions de francs CFA. Les faymens (arnaqueurs spécialisés dans la vente de l’idée qu’on peut multiplier l’argent) étaient armés, selon un membre de la famille Mayila. Ils voulaient la garantie de renter en possession des 27 millions de francs CFA restant. Arme au poing, ils auraient menacé Me Mayila et pris des photographies de lui dans leur antre, clairsemée de faux billets et de machines servant prétendument à la multiplication de l’argent. «Ils lui ont dit qu’ils étaient prêts à publier ces photos si Me Mayila tentait de les dribbler», soutient la même source.
Si Louis-Gaston Mayila a été entendu dès le 18 septembre jusqu’à très tard dans la soirée, il se trouve que le dimanche 21, il a été admis à la clinique Chambrier. «En fait cette histoire l’a ébranlé et il a fait une hausse de tension», indique l’un de ses fils qui a ajouté : «Lorsqu’il a été admis à la clinique, l’hôpital a envoyé le certificat médical au Procureur de la République». Mais cela semble avoir été mis en doute par l’appareil judiciaire et, à 3 heures dans la nuit du mercredi au jeudi 24 septembre, des agents de la Police judiciaire (PJ) ont tenté de l’extirper de la clinique. Ils se sont toutefois heurtés au refus des médecins. L’ancien ministre de l’Intérieur a donc finalement été intercepté à 10 heures ce jeudi 25 septembre à la sortie de la clinique par un Procureur adjoint flanqué de policiers.
Normalement, pense un parent du concerné, Mayila «ne devait pas être poursuivi pour contrefaçon de billets de banque. De nombreux hommes politiques sont approchés par des escrocs qui leur demandent de fournir de l’argent à multiplier. Donc, celui qui doit être poursuivi pour fausse monnaie, c’est celui qui fabrique de la fausse monnaie. Dans son cas, il a tout simplement été le dindon de la farce. C’est une escroquerie dont il a été la victime et qui se retourne contre lui.» La tournure prise les évènements a en effet fait oublier que Louis-Gaston Mayila était le plaignant dans cette affaire. «C’est lui qui a quand même déposé la plainte», martèle l’un de ses proches.
Selon des sources concordantes, l’ancien président du Conseil économique et social n’en était pas à ses premiers démêlés avec des faux-monnayeurs. Mais bien souvent, ces affaires n’éclataient pas au grand jour. Ce qui a fait dire, à un avocat proche de lui, que «l’erreur qu’il a eu à commettre est d’avoir porté plainte. S’il ne l’avait pas fait, il n’y aurait pas tout ce bruit. Mais, en même temps, il s’est dit : ils ont mon véhicule. S’ils font un accident, on me demandera pourquoi je n’ai pas porté plainte»
Selon des sources au fait des procès-verbaux de l’affaire, la voiture de Me Mayila recherchée aurait été retrouvée au quartier La Sablière, chez un vice-président du Tribunal et époux d’une proche parente du président de la République. Au prétexte qu’il serait en voyage, celui-ci n’a jamais été entendu. Certains pensent pourtant qu’il pourrait être de mèche avec Edzo-Edzo, celui-ci n’ayant pas choisi de planquer le Range Rover, par hasard, dans le domicile hautement sécurisé de ce haut magistrat. Dans le cours des évènements, Edzo-Edzo qui n’aurait jamais dormi dans les locaux de la Police, s’étant lui aussi refugié dans une clinique, aurait menacé : «Je vais me suicider. Mais, avant de le faire, je vais parler», rapporte-t-on. Autrement dit, l’homme aurait des choses à dire qui pourrait éclabousser bien d’autres acteurs du système judiciaire.
Qu’à cela ne tienne, après une confrontation à la PJ, qui s’est terminée dans l’après-midi ce 25 septembre, le Grand Officier dans l’Ordre national du mérite qu’est Mayila a été, par la suite, conduit devant le Procureur avant d’être placé, en fin d’après-midi, en détention préventive à «Sans-Famille», le pénitencier de Libreville. Cité comme complice dans la même affaire, le magistrat de la Cour administrative, Edzo-Ezo, a lui aussi été incarcéré dans le même établissement.
Selon des sources concordantes, dans la soirée, Me Mayila aurait eu un malaise en prison et a été ramené à clinique Chambrier qui a d’abord refusé de le reprendre du fait que des médecins de l’établissement, accusés d’aider Mayila à bluffer sur son état de santé, on été entendus à la PJ ces jours-ci. On n’en sait pas plus. Que cache donc cette affaire et quels rebondissements pourrait-elle encore avoir ?