Après les résultats provisoires des Locales 2013/ Entretien avec l’indépendant Jean Eyeghe Ndong : " Je reste ouvert aux négociations au-delà des partis "
L'opposant radical, candidat à l'Hôtel de ville de Libreville, revient sur le déroulement des dernières locales avec la biométrie, sur les propos du président du Centre de libéraux réformateurs (CLR), Jean-Boniface Asselé, et du secrétaire général du PDG, Faustin Boukoubi. Non sans croire en ses chances d'avoir gain de cause, à travers des discussions.
L'UNION : Nous sortons du premier scrutin organisé avec la biométrie. Les premiers résultats ont d'ailleurs été proclamés. Comment avez-vous jugé ces locales ? Quel est votre regard ?
Jean Eyeghe Ndong, candidat indépendant à l'Hôtel de ville de Libreville : Je ne vous apprendrais rien si je vous disais que les élections au Gabon ont toujours été un problème. Les résultats des élections sont-ils conformes à la volonté des urnes ? Sans être naïfs, nous étions conscients des pratiques de fraude du parti au pouvoir, le PDG. Nous ne pouvons pas faire la politique de la chaise vide indéfiniment. Et être en dehors du jeu politique.
Au sujet de la biométrie, je commencerais par dire que nous pouvions nous passer de cette technologie. Pour compter un collège électoral de 500 000 personnes, il n'était pas nécessaire de recourir à celle-ci. Nous pouvions nous passer de la biométrie. Il y a des bons fonctionnaires au Gabon pour se charger de la gestion des élections dans ce pays. Prenez le cas de Libreville, avec près de 100 000 électeurs, vous pensez que les vrais résultats ne pouvaient être connus.
Cette biométrie est biaisée. C'est une esquisse, avec la photo sur la carte d'électeur. Laquelle ne dispose pas de code barre. C'est une grosse arnaque du pouvoir. L'opérateur, qui s'est chargée de sa mise en place, devra être interrogé sur le fond.
Au regard des résultats de la Cenap, avec en tête le PDG, les indépendants en deuxième position, et Assélé et son CLR au troisième rang, aucune des parties ne peut prétendre diriger l'Hôtel de ville seule. Ce qui implique des négociations. En tant que tête de proue des indépendants, je réfléchis. Concernant ces résultats provisoires, même si l'on nous dit que c'est peine perdue, nous allons tout de même saisir la Cour constitutionnelle dans le cadre du contentieux.
Dans notre parution du 24 au 25 décembre, le président du Centre des libéraux réformateurs (CLR) tend déjà les bras à son allié traditionnel, le PDG. Ceci n'est-il pas de nature à annihiler votre ambition d'être maire de Libreville ?
Jean-Boniface Assélé tend la main parce qu'il sent que ses amis de la majorité républicaine pour l'émergence veulent lui jouer un tour. Il croit ne pas être dans les bonnes grâces du PDG. C'est un jeu bizarre dans lequel il faut bien trouver un maire de Libreville. En ce sens, il faut une majorité de session. Permettez moi de ne pas vous dévoiler mon jeu, même si je reste ouvert aux négociations au-delà des partis. Tout est possible et je garde mes chances.
Que répondez-vous au secrétaire général du PDG, Faustin Boukoubi, lorsqu'il affirme que vous avez été élus par les Pédégistes du deuxième arrondissement de la commune de Libreville ?
En affirmant que ce sont les Pédégistes qui m'ont élu au deuxième arrondissement de Libreville, le patron du PDG ne semble connaître ni la sociologie de cette circonscription électorale, ni le candidat PDG qu'ils ont choisi pour m'affronter. M. Boukoubi ne connaît pas l'image que renvoie le secrétaire général adjoint du PDG, Léandre Nzue, auprès des populations des quartiers de cet arrondissement.
Dans l'hypothèse d'un échec des négociations avec les partis impliqués, vous contenterez vous uniquement d'être maire du deuxième arrondissement ou encore d'un siège au Sénat ?
Si les tractations achoppent, j'aviserai. Les locales sont des élections de proximité. Aucun de mes concurrents n'avait un projet. Certains, dont mon challenger, ont fait dans la confusion. Le Plan stratégique Gabon émergent (PSGE), projet de société nationale du président Ali Bongo Ondimba, ne saurait être celui d'un candidat à la mairie de Libreville. La tête de liste PDG, dans ma circonscription, a passé tout son temps à faire l'amalgame. Il n'y avait aucun contenu dans son discours face aux électeurs.
Mon programme pour Libreville est clair. Les problèmes d'insalubrité, l'entretien de l'espace vert, la construction des marchés et crèches municipales font partie de mes priorités pour la première ville du pays. C'est la politique de proximité que tout candidat à la mairie devra normalement défendre. Au lieu de se complaire dans un projet présidentiel qui ne saurait être à l'ordre du jour lors d'un scrutin qui concerne les préoccupations de proximité des populations.