Un peu plus d’une semaine après leur déploiement sur Bangui en vue de contrer la montée de l’extrémisme des combattants de l’ex-rébellion Séléka, les forces françaises sont loin de faire l’unanimité auprès des populations centrafricaines dont une frange (musulmane) les accuse désormais de partialité. D’où la grande vague de protestation qui secoue le pays depuis le week-end dernier.
Rassemblés dans le centre-ville de Bangui depuis quelques jours, des dizaines de Centrafricains manifestent leur mécontentement à l’encontre des troupes de l’armée française en opération dans le pays depuis le début du mois courant. Et pour cause, ceux-ci reprochent aux militaires Français de la « partialité » d’une part et de ne pas être à mesure de contenir les exactions, amputées également aux soldats de l’armée tchadienne.
En effet, pendant près d’une heure, sur une grande avenue du quartier musulman PK5, plusieurs dizaines d’individus arborant des pancartes hostiles à la présence française en Centrafrique se sont rassemblés dès samedi 21 décembre dernier, sans incident, avant d’être dispersés, selon l’armée française, par « les forces de police de la Misca (force africaine en Centrafrique) », malgré leur présence sur le terrain. Toute chose qui n’est pas pour calmer l’extrême tension visible depuis trois semaines entre chrétiens et musulmans dans ce pays à feu et à sang.
L’armée française, pour se décharger des nombreuses accusations des manifestants, a par ailleurs précisé que « le regroupement était clairement anti-français », tant et si bien que d’aucuns en avaient oublié la raison pour laquelle la troupe française est en opération dans le pays. De même, indique-t-on, une autre manifestation s’est déroulée en fin d’après-midi du dimanche 22 décembre 2013, sans que l’on sache si elle était, elle aussi, anti-française ou non, a confié un porte-parole de l’armée.
Qu’à cela ne tienne, rapporte-t-on, malgré l’opération Sangaris menée par 1.600 soldats français, les tensions entre les deux communautés ne retombent pas. Même que les musulmans, estiment certains, auraient tendance à manipuler l’opinion afin d’obtenir le départ des troupes françaises de Bangui. Pour ce qui est de l’accusation portée sur la troupe tchadienne, l’état-major reconnaît des tirs en l’air pour tenter de dissiper les manifestants bien que de nombreux médias internationaux ont clairement diffusé des images montrant vraisemblablement que d’autres tirs ont visé la foule de manifestants. Les prochaines heures détermineront toute la vérité sur cette malheureuse affaire. La France quant à elle ne semble pas déterminée à quitter la Centrafrique avant la fin de sa mission : libérer le pays de l’ex-rébellion Séléka, responsable de nombreuses exactions.