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Le pouvoir temporel va-t-il en guerre contre le pouvoir spirituel ?
Publié le mercredi 24 septembre 2014   |  Gabon Review




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Après le déguerpissement «musclé» des grévistes de la cathédrale Sainte-Marie de Libreville, le Pasteur Cid Mohamed Ella a été interpelé et placé en détention préventive à la maison d’arrêt de Makokou à la suite d’un prêche qui n’aurait pas été du goût du gouverneur de province.

«En guerre contre les émissaires de Dieu », tel pourrait être le titre du film que réalisent actuellement les autorités politiques et militaires du Gabon au regard de certains faits ayant défrayé la chronique ces dernières semaines autant dans la capitale, Libreville, que dans l’hinterland, notamment à Makokou où un pasteur a été interpellé pour «propos diffamatoires contre le gouvernement».

Selon des informations de l’hebdomadaire Echos du Nord du 22 septembre dernier, Cid Mohamed Ella a été interpellé sur ordre du gouverneur de province. Ruffin Moutessayigoué estime, en effet, qu’à l’occasion d’une messe œcuménique, célébrée le 16 août dernier à l’occasion de la Fête nationale au stade Alexandre Sambat, sur le thème «Implorer la grâce de Dieu pour le Gabon», le pasteur, intervenant sur la thématique «Qui a droit à la grâce de Dieu ?», aurait tenu des propos outrageants.

«Mais il n’y a jamais eu de grâce en dehors du jugement. En effet, seul un détenu peut avoir droit à la grâce présidentielle, car seul lui est passé par un procès… Or, le Gabon n’a jamais connu ces différentes phases du jugement afin de demander et d’obtenir la grâce de Dieu. Voici un pays dans lequel l’injustice s’est érigée en véritable règle de droit et dont tout le monde fait fi de ne rien connaître…», aurait lancé l’homme de Dieu. Un prêche auquel auraient très peu goûté les autorités locales. Du coup, elles ont requis l’interpellation du pasteur afin qu’il s’explique. «Nous n’allons pas laisser cette histoire en l’état. En 1973, c’est dans cette même province, par l’entremise d’un homme d’église, en la personne de Paul Mba Abessole, qu’est intervenu un désordre tel qu’il n’en a jamais eu dans ce pays. Aujourd’hui, les pasteurs refont la même chose. Il faut que nous sévissions», aurait conseillé au gouverneur le secrétaire général de province.

Lors de son interrogatoire dans les locaux de la Direction générale de l’Immigration et de la documentation de Makokou, le pasteur n’a pas réfuté ses propos. Au mieux, il en a explicité le sens et la portée, rappelant que «la parole de Dieu l’exige». «Si moi, je suis opposant parce que je condamne cela, le président de la République n’a-t-il pas mis en place un organe de lutte contre l’enrichissement illicite ? N’est-ce pas parce que le phénomène existe ? Quand la Première dame fait une marche contre les crimes rituels, elle s’oppose à qui ? Pourquoi cela crée-t-il un problème quand moi j’en parle ? Je ne suis donc pas seul opposant, mais il y a deux opposants : Ali Bongo et Cid Mohamed Ella, car tous les deux, nous nous opposons aux mêmes choses», aurait-il plaidé, lors de son interrogatoire.

Affaire aux contours brumeux ? Que reproche-t-on exactement à cet homme d’église ? N’y a-t-il pas là un abus d’autorité ? Autant de questions que se posent de nombreux observateurs. Alors que la descente de police pour déguerpir, manu militari, les grévistes du parvis de la cathédrale Sainte-Marie n’a pas encore dévoilée tous ses contours, voilà qu’une autre affaire oppose les autorités au clergé.

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