Visiblement amusé de la situation et non moins content de sa victoire dans le 3ème arrondissement de Libreville, le président et tête de liste CLR est récemment revenu sur le duel qui l’a opposé à sa sœur, Marie Joséphine Kama Dabany, colistière sur une liste du Parti démocratique gabonais (PDG) dans la même circonscription, et sur ses rapports avec son allié politique à l’heure des concertations en vue de l’obtention de l’Hôtel de ville. Nouvelles menaces proférées.
A la faveur d’un entretient récemment accordé au bimensuel La Nation, Jean Boniface Assélé, président et tête de liste du Centre des libéraux réformateurs (CLR) est revenu sur sa victoire « inévitable » dans le 3ème arrondissement de Libreville et la « leçon » infligée à Patience Dabany, connue pour être sa sœur et la mère du président Ali Bongo. En effet, si pour Assélé la défaite du parti au pouvoir, représenté dans le 3ème à Libreville, par Laure Olga Gondjout était plus que prévisible, c’est que, déclare-t-il, « le PDG n’a jamais gagné au 3ème arrondissement. C’est un fief traditionnel du CLR, même si un coup de force avait été opéré, un moment pour favoriser le défunt Pierre Mamboundou [de l’UPG, ndlr], en considération d’un accord politique. » Ainsi, « serein, malgré les moyens colossaux déployés par [ses] adversaires qui ne connaissaient pas le terrain et que les populations ne connaissaient pas », l’homme, fier des 45,22% de suffrages obtenus au terme du scrutin du 14 décembre 2013, a justifié sa victoire (19 sièges sur 29) par son implication dans la vie de la circonscription. « Ce n’est pas rien que de désenclaver les quartiers sous-intégrés avec ses propres moyens », a-t-il expliqué.
« Quant à ma petite-sœur Patience Dabany, s’est-il exprimé, je sais que toute la nation gabonaise était suspendue à ce qui commençait à ressembler à un thriller. Or, ce n’était vraiment pas la peine que les médias en fassent leurs choux gras. » Un brin nostalgique, l’ancien ministre s’est rappelé : « Savez-vous que mon défunt fils Blaise Assélé avait été candidat sur une liste concurrente à la mienne ? Je n’en ai fait aucun problème et n’y ai trouvé aucun inconvénient parce que je pense qu’il faut plutôt encourager tout ce qui, comme la saine compétition politique, participe de la vitalité de notre démocratie. Ma petite-sœur que j’aime beaucoup est du même camp politique que moi : la Majorité républicaine pour l’émergence. Elle a parfaitement le droit de choisir au sein de cette Majorité, son parti. »
Dans le même temps, Jean Boniface Assélé a tenu à relever à l’endroit du PDG qui s’en est tout de même sorti avec 10 sièges : « Il y a deux choses à retenir : le grand-frère reste le grand-frère et, comme me l’a appris Omar Bongo Ondimba, il ne faut pas mettre tous les œufs dans un même panier par précaution. En effet, si le panier se perce, le deuxième panier reste disponible. Le CLR reste donc disponible. » Comprenne qui peut.
Pour ce qui est de la gestion de l’Hôtel de ville, le président du CLR s’est dit confiant et certain que le poste lui revienne au terme des conciliabules. « L’Opposition a tort de crier victoire. Elle n’a pas gagné si l’on fait la somme des résultats de la Majorité », a-t-il déclaré. « Le PDG a 60 conseillers et le CLR 42, contre 49 pour l’Opposition. La mairie de Libreville est donc à notre portée. » Mais comme à son habitude, l’oncle d’Ali Bongo a de nouveau menacé en cas d’échec des pourparlers avec le parti du président. Amené à envisager la plausibilité du refus du PDG de l’adouber à la mairie centrale de Libreville, également lorgnée par Jean Eyéghé Ndong, Assélé, souriant mais ferme a littéralement brandi une menace : « Je serai candidat à la présidentielle de 2016 ». Et pour cause : « le PDG a déjà la présidence du sénat, de l’Assemblée nationale, de la Primature et de toutes les institutions. Il est logique et souhaitable de penser aux autres. Sans compter que nous sommes les héritiers d’Omar Bongo qui n’avait lésiné aucun moyen pour encourager le partage. » Tout est dit. Mais, le 3ème arrondissement de Libreville n’étant pas une version microscopique du Gabon, quel danger pourrait représenter, pour le parti au pouvoir, une candidature de Jean Boniface Assélé à la présidentielle de 2016 ?