Le procès intenté par les grévistes de la faim contre l’État gabonais pour cessation de trouble est loin de livrer son épilogue. Il doit désormais passer au tribunal administratif.
Au regard de ce qui se produit autour du dossier des bachoteurs recalés et grévistes de la faim contre l’État gabonais, l’on est tenté de parler d’«affaire de toutes les surprises», tant elle est loin de tarir en ricochets. En effet, très attendue par les plaignants après les débats ouverts le 9 septembre dernier, la boucle de cette série procédurière vient d’être renvoyée sine die pour incompétence affirmée du juge judiciaire.
Ce désaveu qui intervient à quelques heures de la rentrée scolaire 2014-2015, donne raison à la défense de l’État gabonais représentée par Me Francis Nkéa Ndzigué qui avait axé son plaidoyer, lors des derniers débats, sur l’incompétence de la juridiction saisie. Un argument battu en brèche par sa consœur, Gisèle Eyue, qui avait tenté de démontrer que la juridiction judiciaire prévaut sur l’administrative dans ce cas de figure.
L’incompétence du tribunal judiciaire, déclarée en l’absence des avocats des deux parties, n’a pas manqué de susciter l’émoi des lycéens, mais aussi au sein du Mouvement syndical des agents de l’administration publique, présent lors du verdict. «Nous sommes sans voix au regard de la décision du tribunal. Nous ne comprenons pas réellement cette position adoptée par le juge. C’est comme si on nous cachait quelque chose. Pourquoi ne pas simplement dire si on remporte le procès ou pas», a déclaré Judicaël, un élève concerné, et d’indiquer que pour lui et certains de ses compagnons, la rentrée scolaire n’aura pas lieu. «Je ne vois pas en quoi l’actuelle année scolaire est achevée pour laisser place à une autre dans la mesure où je n’ai pas passé mon second tour de baccalauréat. J’espère que la justice sera faite».
«Nous sommes surpris de constater que l’affaire des recalés du baccalauréat, abusivement, ne soit pas statuée. Et qu’elle soit transférée au juge administratif. Nous pensons que la justice est celle qui permet qu’un pays soit élevé et cela devrait profiter à ces jeunes qui ont été privés de leur droit humain, notamment celui à l’instruction. La norme doit être respectée. Les jeunes ont entre 8 et 9,99, donc il leur est permis de passer un second tour, c’est pour cela qu’ils sont allés vers la justice et nous voulons simplement que cette justice soit faite», a fustigé Mamboundou Landry du Mosaap.
L’affaire devrait donc désormais passer au tribunal administratif. Toutefois, il importe de se demander s’il fallait vraiment consacrer tout ce temps pour réaliser qu’il s’agissait d’une affaire administrative ? À qui profiterait cette situation rocambolesque à l’issue aléatoire pour cette jeunesse qui croit être dans ses droits ?