Libreville, Gabon – Le collectif des personnes frappées par l’interdiction d’importer les voitures d’occasion de plus de 3 ans a organisé lundi un sit-in devant le ministère des Transports pour exiger la relaxe de leurs véhicules bloqués au port et menacés de passer à la casse ou d’être rapatriés.
« Touche pas à ma voiture », ont scandé les manifestants, hurlant à l’entrée principale du ministère. Certains d’entre eux tenaient à bout de bras des banderoles sur lesquelles l’on pouvait lire « l’importation était bien autorisée par le CGC (conseil gabonais des chargeurs, ndlr) » ou « Ministère des Transports fossoyeur des PME ».
Pour se faire entendre, les manifestants, plus d’une vingtaine ont apporté un puissant mégaphone. « Nous voulons nos voitures, nous voulons nos voitures, nous voulons nos voitures », répétaient-ils au passage d’une haute personnalité devant ce bâtiment qui abrite plusieurs ministères.
En effet, le 18 septembre 2013, le gouvernement gabonais réuni en conseil des ministres décide d’interdire l’importation des voitures d’occasion vielle de plus de 3 ans. Un très court délai de deux mois est accordé pour dédouaner les véhicules déjà dans les ports et en cours de transit, précise le texte. La décision vise à protéger l’environnement et à lutter contre les accidents de la route très mortels dans le pays.
Un décret autorise, à titre dérogatoire, aux particuliers d’importer un ou deux voitures d’occasion à usage personnel. La dérogation dure jusqu’en janvier 2014. Au-delà de cette date, le directeur général des transports terrestres continue de délivrer des autorisations à des professionnels et aux particuliers pour continuer à importer les voitures interdites au Gabon.
Début août, le gouvernement décide de sévir. Plus une seule voiture datant de plus de 3 ans n’entrera dans le pays. 1000 voitures déjà au port passent à la trappe. 400 voitures actuellement dans des bateaux à destination du Gabon ne seront probablement pas autorisés à débarquer.
Les personnes ayant importé ces véhicules sont en colère. Certaines affirment s’être endettées et sollicitent la clémence du gouvernement.
Le gouvernement se radicalise. Il a limogé le Directeur général des transports et son adjoint qui ont délivré les autorisations illégales. Le porte parole de la présidence de la République, Alain Claude Bilie By Nze a affirmé dans un point de presse que ces voitures n’entreront pas dans le territoire gabonais. Elles seront cassées ou refoulées vers les pays d’origine au frais des importateurs.
Pour Emmanuel Zue, expert en entretien automobile, la décision du gouvernement est louable mais pour mieux protéger l’environnement contre les gaz toxiques émanant des voitures d’occasion ou mal entretenues, il faut d’abord appliquer la loi sur le contrôle de CO2 émis par chaque véhicule en circulation. La loi n’étant pas appliquée, les équipes sur ces mesures disponibles dans le pays ne servent à rien alors que, selon l’expert, une application stricte de la loi permettrait de réduire de 60% l’émanation des gaz nuisibles à l’environnement.
Emmanuel Zue soupçonne par ailleurs le puissant lobby des concessionnaires des véhicules neufs d’être les instigateurs de la décision du gouvernement pour tuer la concurrence qui fait mal à leur croustillant business.
Le 9 septembre dernier, le gouvernement a ordonné à un navire en transit au port d’Owendo d’embarquer les voitures querellées pour la Belgique. Les propriétaires s’y sont vigoureusement opposés. Le navire est partis sans les voitures.
De son côté, le gouvernement tient bon. Après avoir longtemps vociféré sous un soleil ardent, le collectif s’est dispersé dans le calme. Le bras de fer se poursuit.