Bilan, gouvernement, réformes, opposition, présidentielles 2016, corruption, Centrafrique, France... Cinq ans après son élection, le chef de l'État gabonais s'explique.
Libreville, fin août. Difficile, dès la sortie de l'avion, d'échapper au spectre Ebola : panneaux d'information géants et blouses blanches vous attendent avant même la police des frontières et les douaniers. Difficile également de ne pas percevoir l'autre fièvre qui, elle, frappe le pays : celle qui touche les politiques.
À deux ans de la présidentielle, c'est déjà la panique sur l'échiquier. Bien sûr, la grande mue de Jean Ping y est pour beaucoup. Le jadis très diplomate président de la Commission de l'Union africaine (UA) s'est transformé en tonton flingueur. Dans son viseur : Ali Bongo Ondimba (ABO). Il rejoint la cohorte des ex de "papa Omar", barons de l'ancien parti unique qui rêvent de déloger le fils du palais présidentiel.
Pierre Mamboundou n'est plus de ce monde, André Mba Obame, malade, a disparu des écrans radars. Voilà donc Jean Ping en nouvelle tête d'affiche. Piquant, pour ceux qui se souviennent des relations qu'il s'est évertué à entretenir avec le président quand il briguait un second mandat à la tête de l'UA... En tout cas, l'opposition a repris du poil de la bête.
Une "chasse aux sorcières"
L'autre cause de cette subite hausse de tension tient en un mot : audits. Dans un pays où l'élite et les politiques ont érigé en art la confusion entre leurs portefeuilles et les caisses de l'État, ils sont nombreux à craindre les investigations de la Direction générale du contrôle des ressources et des charges publiques. Dans l'administration, dans l'opposition ou au sein des entreprises phares du pays, on rase les murs, l'échine parcourue de sueurs froides, en priant pour échapper à la justice gabonaise.... suite de l'article sur Jeune Afrique