Libreville, La démission du Pr Léon Nzouba, ministre gabonais en charge jusque là de l’éducation nationale et de l’enseignement technique, qui certes a suscité moult réactions, devrait en revanche conduire le Chef de l’Etat et son Premier ministre à réaménager nécessairement cette équipe gouvernementale, certains parleraient d’un remaniement en profondeur. « Ali Bongo n’est pas satisfait de l’équipe qui entoure Daniel Ona Ondo, le chef du gouvernement », l’on peut lire dans l’hebdomadaire Jeune Afrique paru ce lundi.
Il est en effet, certain que le ministre délégué Emaner Nsolet n’avait pas été choisi pour plastronner sur le ministère du seul fait que c’est l’expérimenté Pr et ministre démissionnaire qui avait été choisi pour tenir ce ministère sensible et important, dont les syndicats sont réputés historiquement des plus actifs et réactifs du pays, on se souvient encore du Sena et la Fesena sous Omar Bongo Ondimba et plus récemment de la Conasysed.
Bref, pour remplacer Séraphin Moundopugna, il fallait une forte carrure qu’incarnait Léon Nzouba, le Pr Général de médecine et précieux collaborateur d’Ali Bongo Ondimba alors ministre de la défense dans la réalisation de l’hôpital d’instruction des armées Omar Bongo Ondimba.
Mais voilà la sensibilité du secteur éducation nationale a eu raison de Léon Nzouba. Pour le rappel, il est arrivé à la tête de ce département après que les reformes de son prédécesseur ait été fortement contestées par les élèves ajouté au bras de fer quasi permanent avec la Conasysed. Puis arriveront les récents examens marquant le terme de l’année scolaire et le cas de la grève de la fin des recalés du Bac 2 organisé sous Léon Nzouba, mais qui avaient réussi au Bac 1 introduit par son prédécesseur suivant à la lettre les recommandations des Etats généraux de l’éducation et de l’enseignement.
La démarche de Léon Nzouba apparaîtra pour certains alors fort confuse, entre l’humaniste médecin ému par la grève de la faim de jeunes adolescents, l’homme politique qui s’est souvenu de la parade Ya Mboumb pour le cas des candidats frauduleusement inscrits au Bac et le professeur, le sommet de l’exigence en terme de formation universitaire.
Certains de se demander laquelle de ces casquettes a pesé pour qu’il décide de repêcher jusqu’à 8/20 et se mettre à genoux devant les parents des élèves recalés pour n’avoir pas pu obtenir 10/20 au bac, après un second décompte des notes ? Mais encore laquelle de ces vestes aura motivé sa démission du Gouvernement ?
Pour plusieurs observateurs, la démission de Léon Nzouba témoignerait de sa responsabilité à assumer ses fautes, comme l’ont rarement fait des ministres au Gabon. L’acte serait ainsi applaudi en un sens.
Mais il survient la veille de la rentrée administrative dans les établissements scolaires. Ce qui amènerait à supputer sur une éventuelle concertation de ce jet de l’éponge. Même s’il est dit par ailleurs qu’il a tiré les conséquences du désaveu de sa décision par le Gouvernement.
Car en effet, ce pourrait tout autant avoir été un acte de probité du ministre que de reconnaître s’être trompé et ne peut tenir un secteur de l’éducation nationale aussi sensible que sous haute tension depuis des années au Gabon. Alors même qu’il avait jusque là un parcours gouvernemental les plus satisfaisant depuis qu’Ali Bongo Ondimba est Président de la République.
Mais les fins politiciens s’interrogent sur l’impact politique de cette démission d’un ministre, qui plus est membre influent du PDG dans la Ngounié. Province qui avait voté majoritairement feu Pierre Mamboundou en 2009 et qui compte certainement renverser la vapeur grâce à ses responsables politiques actuels. Léon Nzouba jetterait-il également l’éponge à ce niveau strictement partisan lorsqu’on sait que les fonctions gouvernementales où étatiques soutiennent les responsabilités politiques dans l’appareil PDG ?
Sur cette base, sachant que ce serviteur de l’Etat peut encore apporter beaucoup ailleurs, il pourrait donc être envisagé un remaniement du Gouvernement dans lequel un autre département ministériel lui serait confié, à défaut d’un remaniement en profondeur qui s’avère nécessaire, voire indispensable pour non seulement rétablir l‘équilibre de l’architecture gouvernementale, mais aussi de répondre aux exigences de l’heure et surtout de mieux préparer la présidentielle de 2016.
Quant à son remplaçant, quelqu’un qui connaît le secteur de l’éducation nationale serait la personne toute indiquée.
Il conviendrait tout de même de signaler qu’un large remaniement de ce Gouvernement se justifierait par des signes d’essoufflement montrés par certains membres de cette équipe.