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Les grévistes de Sainte Marie déguerpis par les policiers
Publié le lundi 15 septembre 2014   |  Nouvelles du Gabon


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© Autre presse par DR
A Sainte Marie, la violence a triomphé de la pacificité


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Libreville - Depuis un certain temps, l’esplanade de la Cathédrale Sainte Marie, devenait un refuge pour les grévistes et autres contestataires du pays. Une situation qui certainement n’arrange pas le clergé mais aussi le pouvoir en place.

C’est suite aux plusieurs plaintes de ces derniers qu’ils ont été surpris dans leurs sommeils de la nuit de vendredi à samedi. Alertés par les plaintes des grévistes, présents, pour certains, depuis près de 5 mois sur ce lieu, de nombreux observateurs se demandent ce qu’on peut bien reprocher à ces gens dont le seul péché est d’avoir osé réclamer leurs droits et la réparation du préjudice qui leur a été causé. En tout état de cause, le mouvement s’est déporté au rond-point du carrefour Awendjé, dans le 4ème arrondissement de Libreville, où le même dispositif a été installé. On peut déjà y retrouver les enseignants grévistes de l’Ecole normale des instituteurs (ENI) et du Centre de formation des instituteurs adjoints (CFIA), emmitouflés dans leurs draps et dormant à même le sol.

Mais, que s’est-il donc passé ? «A 2h46, des agents de la police nationale, lourdement armés, venus comme pour en découdre avec de vulgaires repris de justice ou autres malfrats, sont venus nous déguerpir de force de notre lieu de grève», rapporte Anatole N’Nang, président de la Ligue estudiantine des droits de l’homme. «Les policiers sont venus dans 5 camions, et sans aucune forme de procès, ont démonté nos abris, proférant des menaces au cas où nous tentions de nous opposer. Par la suite, femmes âgées et fatiguées par la durée et les conditions de la grève, tout comme les jeunes élèves ou les étudiants, avons été jetés comme des bêtes dans les camions», témoigne Eric Ontsétsé, l’un des ex-agents de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Si les policiers prétendaient avoir été «envoyés», sans décliner l’identité du commanditaire, ils se sont tout de même montrés peu soucieux de la vie de leurs compatriotes : au lieu de les conduire dans des cellules, ils ont décidé de les disséminer à travers la ville de Libreville et au-delà. «Certains ont été débarqués sans ménagement dans les PK, à Owendo, à Akanda, et d’autres plus loin encore», confie, à cet effet, un des recalés du Baccalauréat 2014. «De l’aveu d’un des policiers, ils prévoyaient nous débarquer à Malibé, s’ils n’avaient pas eu crevaison, on s’y serait certainement retrouvé pour ne plus en sortir», indique, au bord des larmes, une ex-infirmière de la CNSS.

C’est donc dire que le risque que ces Gabonais se fassent agresser, violer, voire assassiner n’avait pas été évalué ni par la police ni même par leur tutelle. Quelle lecture faire d’une opération où la légèreté le dispute à la brutalité ? Pour Mike Jocktane, qui s’est dépêché sur le nouveau lieu de rassemblement à Awendjé, «Le pouvoir en place est aux abois, il est en train de s’essouffler. Maintenant, il y a lieu de réfléchir sérieusement à la question». Pour l’heure, les grévistes qui ont menacé de durcir le ton, ont annoncé leur retour «de force» à la cathédrale Notre Dame de l’Assomption, «quitte à (se) faire enfermer (…), ou même (se) faire tirer dessus».

Diligentée par le ministère de l’Intérieur, cette opération aurait pu tourner au drame. Visiblement mal conçue et mal préparée, elle a pêché par une trop grande prise de liberté avec la loi et les méthodes habituelles. Le Gabon est-il toujours cet «Etat de droit» tant proclamé par les autorités ?

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