Le lourd dossier des détournements massifs de l’argent affecté aux fêtes tournantes aujourd’hui objet d’enquêtes judiciaires qui visent certains anciens hauts dignitaires mouillés dans cette sulfureuse affaire, le cas Jean Ping épinglé dans une autre affaire d’escroquerie, et la démission de Léon Nzouba de l’Education nationale, autant de sujets traités par la presse de la semaine écoulée.
« La ligne rouge à ne pas franchir ! », soupire Matin Equatorial. « Le Gabon, écrit le journal, ne court-il pas le risque d’imploser demain, par la seule faute de quelques apprentis sorciers, qui n’ont toujours pas compris que le Gabon a changé, qu’il aspire à être un Etat de droit avec des lois qui s’imposent à tous et à chacun, et qu’il est loin le temps où n’importe quel quidam, parce qu’il se sentait plus ou moins protégé, pouvait se permettre de les enfreindre sans risque d’être inquiété ? », s’interroge Matin Equatorial. « Et c’est cette volonté de rattraper le temps perdu, de déstabiliser le socle électoral d’un parti présidentiel qu’il connait parfaitement et surtout de faire trébucher ou faire douter son potentiel adversaire dans deux ans que Jean Ping, qui est peut-être tout sauf un idiot, et sait surtout là où il se dirige et avec le soutien de qui, se démène tel un marchand ambulant proposant à qui veut l’écouter ses offres de services sur le théâtre des opérations » analyse le journal.
« Ping dans l’œil du cyclone ? », s’interroge à son tour l’hebdomadaire L’Objectif.
« Si les révélations de distraction de fonds par Jean Ping sur Kadhafi sont fondées, l’ancien président de la commission de l’Union africaine ne devrait plus dormir du sommeil du juste. La justice internationale risque de se mettre à ses trousses pour qu’il réponde de ces accusations. Ce qui ferait l’affaire du pouvoir Emergent » commente le journal.
« Si toutes ces allégations s’avèrent fondées, la crédibilité de Jean Ping pourrait être mise en cause, au moment où il se présente comme le véritable challenger face à Ali Bongo Ondimba dans l’optique de 2016. Mais, ne sommes-nous pas là face à une simple campagne qui vise à écorner l’image de quelqu’un qui peut se targuer d’avoir été au coude à coude avec la candidate sud-africaine, alors qu’il avait été lâché par son pays », analyse le journal.
« Ali Bongo Ondimba, devenu nouveau président, poursuit le journal, aurait gagné en collaborant avec l’ensemble de la classe politique et surtout tous ceux qui se sont servis « dans la maison du père ». Mettre en place une commission qui aurait permis de définir les nouvelles bases de gestion et de gouvernance, une commission « Vérité –Justice-Réconciliation » était donc l’idéal pour régler dans un élan patriotique cet épineux dossier qui risque de faire exploser le pays » note le journal.
« En optant de traduire tous les fossoyeurs de développement sous Omar Bongo devant la justice, Ali Bongo Ondimba qui certes a la ferme volonté de changer le paradigme, choisit plutôt la voie de l’affrontement qui, à coup sûr, fera des victimes collatérales » prophétise L’Objectif.
« Les oiseaux de même plumage « volent » ensemble ! », clame l’hebdomadaire Le Scribouillard.
« Epinglés par la cour des comptes du Gabon, on peut aisément saisir les ressorts du soutien, bruyant, apporté à Jean Eyéghé Ndong par ses amis du Front qui, à tour de rôle, vont défiler devant les enquêteurs, sous peine de sanctions. Ils ont pour noms Jean Ping, Casimir Oyé Mba, Jacques Adiahénot, Paulette Missambo, Zacharie et Chantal Myboto bref, la fine fleur du PDG d’avant ! » se réjouit l’hebdomadaire.
« Ils n’ont pas tort, ces charognards, de se serrer ainsi les ailes, puisqu’il est acquis que les oiseaux de même plumage ont toujours tendance à « voler » ensemble. », conclut le journal.
« Le dernier Premier ministre d’Omar Bongo est dans le collimateur de la justice. Il doit s’expliquer sur l’utilisation des finances mises à la disposition des cadres de la province de l’Estuaire lors des deux fêtes tournantes organisées en 2006 et 2007 » rappelle le journal Le Soleil.
« Devenu opposant, Jean Eyeghe Ndong ne peut pas dire que c’est une manœuvre contre sa personne » estime le journal. « Paul Mba Abessole aussi sera entendu et ce qui est sûr, malgré son immunité parlementaire, puisqu’il est sénateur, on trouvera bien le moyen de l’entendre également sur la question. En voulant se cacher derrière son statut d’opposant, Jean Eyeghe Ndong, veut distraire les Gabonais sur cette question d’importance. Les menaces de tout déballer et les sous-entendus sur l’implication du Chef de l’Etat dans un problème qui concerne la province dont il est originaire, n’impressionne personne » analyse Le Soleil.
« Fêtes tournantes : L’étau se resserre ! » ricane le satirique La Griffe.
« Alors que le gangster de Nkembo et ses acolytes salafistes ont choisi le chantage et les insultes contre le couple présidentiel comme stratégie de défense dans le lourd dossier des fêtes tournantes, les magistrats ont déjà cerné le sujet. Et ça va être dur. Très dur même ! » prévient le journal.
« Au lieu de brandir la liste des sociétés ayant reçu de l’argent sans effectuer les travaux, « Echos de Wenzhou » aurait dû se poser la question de savoir où est passé tout ce pactole. Car, face aux rédacteurs de l’audit, les responsables de ces entreprises ont été particulièrement bavards. Et même coopératifs puisque les fameuses décharges ont été joyeusement remises à leurs interlocuteurs » rapporte La Griffe.
La démission du ministre Léon Nzouba de l’Education nationale n’est pas en reste des sujets dignes d’intérêt traités par les journaux parus la semaine écoulée. Et c’est l’hebdomadaire La Nation qui se lance dans une prophétie : « Après la démission du ministre de l’Education nationale Et si le Pr Léon Nzouba regagnait le camp de l’opposition ? »
« Léon Nzouba, ajoute le journal, vient de sortir par la petite porte. A qui le prochain tour ? S’interroge l’hebdomadaire qui poursuit : sauf erreur de notre part, cet éminent professeur que le pouvoir vient d’humilier comme un malpropre n’est pas redevable au PDG. Il peut donc à tout moment bien claquer la porte du parti des masses et aller rejoindre Jean Ping et les autres sans s’inquiéter. Il n’est plus question qu’il continue de collaborer avec des gens malintentionnés capables de l’éliminer physiquement (avec leur violent poison en vogue) avant la présidentielle de 2016. Si le Pr Nzouba gagne les rangs de l’opposition, sa crédibilité sera davantage renforcée. En rejoignant Pierre Maganga Moussavou, Louis Gaston Mayila et bien d’autres, la Ngounié sera plus ancrée dans l’opposition à plus de 80% » conclut le journal.
« Ona Ondo sur une chaise éjectable ! » clame l’hebdomadaire Le Temps.
« Fait rarissime au Gabon et presque impossible sous d’autres cieux. Plus de dix jours après la démission d’un ministre, son remplaçant est toujours inconnu du public. Mais le Gabon étant le pays de tous les possibles, le gouvernement peut fonctionner tranquillement quoique amputé d’un ministre de l’Education nationale. Un secteur très sensible dans la vie d’une nation. La gravité de l’acte est telle qu’à quelques jours de la rentrée scolaire, parents d’élèves et apprenants ignorent le futur patron de l’Education nationale» s’indigne le journal.