Le 9 septembre dernier, un groupe de jeunes dit «Collectif des jeunes de l’Estuaire» a fait irruption sur l’esplanade de la Cathédrale Notre Dame de l’Assomption dans le but de soutenir l’action du président de la République. Une initiative qui a failli déboucher sur une bataille rangée.
Dans la matinée du 9 septembre dernier, un groupe de jeunes gens se présentant comme le «Collectif des jeunes de l’Estuaire» a déployé tout un arsenal (tentes, chaises, et banderoles) pour s’installer à quelques pas des grévistes qui campent sur le parvis de la Cathédrale Notre Dame de l’Assomption à Libreville, depuis plusieurs mois. Un étalage de moyens dans un endroit qui ressemble depuis un moment à un bivouac post-catastrophe avec ses grèves de la faim ; le collectif étant, surtout, ravitaillé en sandwiches et boissons.
Cette initiative n’a pas été du goût des personnes qui ont élu domicile sur cette sorte de «Mur des lamentations» à la gabonaise pour revendiquer leurs droits. Ces derniers (élèves recalés du Bac 2014, enseignants du primaire sans salaire ou sans affectation ; étudiants sans bourses ou réclamant le paiement de leur dû, la libération de leur collègue et la réhabilitation de leurs camarades exclus ; ex-agents de la CNSS) ont été surpris par ce déploiement qui sentait, selon eux, la «mascarade et la volonté de semer le trouble dans les esprits». Il n’en fallait pas plus pour que les grévistes crient à l’«instrumentalisation». Si les membres du Collectif réclamaient leur droit de manifester, la situation qui puait la provocation n’a pas moins courru le risque de dégénérer. Il a fallu l’intervention du vicaire général de l’archidiocèse de Libreville, Mgr Patrick Nguema Edou pour éviter le pire.
Visiblement mécontent, Thierry David Essame a dénoncé, au nom du «Collectif des jeunes de l’Estuaire», ce qu’il considèrait comme un abus. «Ces gens ont franchi les barrières religieuses pour revendiquer les actions sociales, voire politiques», s’est-il emporté, affirmant refuser «qu’une partie des jeunes prennent en otage ce lieu de culte». Pour lui, ces personnes «viennent profaner le lieu de culte». Pédagogue, Mgr Patrick Nguema Edou a justifié la solidarité du clergé envers les grévistes : «L’église est aussi le lieu du refuge et non du politique», a-t-il soutenu, soulignant au passage qu’il «est bon que les gens se parlent». «Ayez un discours qui ne montre pas votre parti pris», dit-il.
Suite à une multitude de coups de fil passés çà et là, les membres du «Collectif des jeunes de l’Estuaire», ont fini par se raviser, non sans avoir donné le sentiment de ne pas être «maîtres du jeu». «Il y a bien quelqu’un qui tire les ficelles. Sinon pourquoi n’arrivent-ils pas à partir comme ils sont venus», notait un gréviste. A qui devait profiter la démarche de ce collectif venu soutenir l’action du chef de l’Etat devant un lieu de culte, sur un lieu devenu celui de la contestation ? On connaissait la théologie de la libération ; on découvre la théologie de la propagande politique.