Sa déconvenue était quasiment prévisible. Pour de nombreux observateurs de la vie politique gabonaise, le trublion de la quasi-clandestine Union nationale (UN), Gérard Ella Nguema, a clairement été sacrifié par ses aînés de ce parti d’opposition dissout. Retour sur un suicide prémédité.
Et ce ne sont certainement pas les 427 voix obtenues par la liste conduite par Gérard Ella Nguéma dans le 6è arrondissement de la commune de Libreville sur les 13 079 votants qui auraient permis de faire la différence.
Surtout face à une liste du Centre des libéraux réformateurs (CLR) conduite par Julien Florent Assoumou Akué (3 279 voix) clairement arrivée en tête en s’arrogeant 28,77% des suffrages, et une liste du Parti démocratique gabonais (PDG) conduite par Anne Marie Okome M’ba (2 117 voix) avec des ambitions de dessaisir la mairie de Nzeng-Ayong de son ancien occupant. Loin s’en faut. D’autant qu’avant le scrutin proprement dit, la famille UN était déjà en proie à des querelles intestines.
En effet, l’affaire qui n’a pas échappé aux militants de la formation politique dissoute commence pendant la période de constitution des listes électorales au sein du parti.
Ecarté «comme un malpropre», selon l’expression d’un proche du concerné, par Jean Eyéghé Ndong et Zacharie Myboto au profit du candidat indépendant Simon Oloui Nzué, arrivé en deuxième position avec 2 322 voix (soit 20,38% des suffrages), le secrétaire exécutif adjoint de l’UN s’était donc résolu à faire cavalier seul sans aucun soutien de ses aînés, visiblement remontés contre lui.
Ainsi, comme pour le faire payer son entêtement après son refus à la proposition d’Eyéghé Ndong de lui «offrir un poste dans son cabinet dès qu’il sera élu à la mairie», le président Myboto et plusieurs de ses collaborateurs auraient décidé de gêner «le petit» en présentant la liste de M. Olui aux populations de la zone «Fin-goudron» du quartier Nzeng-Ayong, comme étant celle de l’UN. Pas de chance pour le jeune secrétaire exécutif adjoint !
A la suite de cette «trahison» mal vécue par Gérard Ella Nguéma, l’infortuné avait alors tout vomi devant la presse, gratifiant au passage Eyéghé Ndong de quelques formules de politesse. Accusés d’avoir conçu les listes de Libreville sur «des bases antidémocratiques», les caciques de la clandestine Union nationale, selon Gérard Ella Nguéma, ont donc contribué à pourrir l’atmosphère au sein du parti.
Au terme du scrutin du samedi 14 décembre, nul ne sait donc à l’avance si la relation entre ces antagonistes de la même famille politique sera au beau fixe. D’autant que la déconvenue infligée à la tête de liste Gérard Ella au 6e arrondissement restera longtemps dans la mémoire des militants de l’UN.