Comme annoncé dans les sondages et les premières estimations, le scrutin du samedi 14 décembre 2013 comptant pour le renouvellement des membres des conseils municipaux et départementaux, a été en partie plus favorable aux listes indépendantes et au Centre des libéraux réformateurs (CLR) qu’au Parti démocratique gabonais (PDG).
Si l’on présageait, dès l’entame de la campagne électorale, un combat pour le moins difficile entre le PDG et ses nombreux adversaires, dans les six arrondissements de la capitale gabonaise, au terme du scrutin du 14 décembre dernier, il apparaît évident que le parti de Jean Boniface Assélé et quelques candidats indépendants ont su tirer leur épingle du jeu. Tenant même tête au parti détenant le plus grand nombre de Conseil sortants. En témoignent les résultats rendus publics dans la nuit du mercredi 18 au jeudi 19 décembre, par le Gouverneur de l’Estuaire, Jacques-Denis Tsanga. Des résultats qui montrent clairement que les listes du parti au pouvoir ont moins séduit que de coutume. Photographie instantanée des suffrages exprimés par les 75 615 votants de la seule commune de Libreville.
Indépendant (Simon Oloui Nzué) : 2 322 voix. Soit 20,38%
PDG (Anne Marie Okome M’ba) : 2 117 voix. Soit 18,58%
Pour savoir combien de sièges reviennent à chaque liste ou formation politique en lice, il faut effectuer, en première étape, un savant calcul dénommé «Quotient électoral». Celui-ci est égal au nombre des suffrages exprimés divisé par le nombre de sièges à pourvoir au sein d’un conseil. Après quoi, seconde étape, pour connaître exactement combien de sièges obtient une liste, il faut diviser le nombre de voix ayant voté pour cette liste par le «Quotient électoral». Toutes les données nécessaires n’étant pas entièrement à la disposition de Gabonreview, on laissera l’administration électorale départager les sièges entre chaque force en présence durant cette consultation électorale.
On retiendra toutefois, selon une note du ministère de l’Intérieur, que «la condition requise pour qu’une liste soit admise à la répartition c’est 10% des suffrages valablement exprimés». Autrement dit, pour chaque conseil municipal brigué, les listes ayant obtenu moins de 10 % ne peuvent espérer avoir un conseiller. Les premiers calculs effectués par un Etat-major de campagne, adversaire des listes PDG, indiquent le groupe «Libreville pour tous» conduit par Jean Eyéghé Ndong se serait adjugé 60 conseillers. Les listes du CLR de Jean Boniface Assélé quant à elles passeraient devant celles du PDG avec 48 conseillers contre 40 seulement pour le parti au pouvoir.
Une chose est sûre : pour la désignation du maire de Libreville, le CLR de Jean Boniface Assélé va être courtisé aussi bien par le PDG que par les listes «Libreville pour tous», en vue du jeu des alliances. Naturellement, le CLR devrait se liguer avec son allié de la Majorité républicaine pour l’Emergence, le PDG. Mais, ayant été maltraité et violement combattu par le parti au pouvoir, depuis les législatives de 2011, Jean Boniface Assélé, en chat échaudé, ne va-t-il pas préférer une coalition avec «Libreville pour tous» ? Il est permis de le croire. A moins que les liens consanguins -entre Assélé, Patience Dabany et Ali Bongo- ne priment sur les intérêts et les stratégies politiques à long terme, mais surtout sur le respect de la volonté des électeurs, affichée lors de cette élection, de sanctionner le PDG. Reste à Eyéghé Ndong, leader des listes «Libreville pour tous», d’être un bon négociateur. Un dernier round va donc se jouer, à huis clos, qui déterminera qui sera le maire de Libreville.