La première visite officielle en Tunisie du président Ali Bongo Ondimba, qui s’est achevée ce dimanche, ouvre la voie à de multiples échanges entre deux nations aux ambitions convergentes : favoriser l’investissement humain et le progrès social pour stimuler la compétitivité économique, la transformation locale et la diversification sectorielle. Un nouveau paradigme africain façonné par la volonté de mieux former les hommes afin d’affronter les défis de la modernité technologique. Tout l’enjeu des emplois de demain.
« L’essentiel, c’est le partenariat avec nos frères africains. Le continent est ouvert et il nous attend ». Viatique présidentiel reçu cinq sur cinq à Tunis, à l’issue d’une visite de 48 heures qui a vu la signature des six accords de coopération, ciment d’échanges bilatéraux extrêmement prometteurs parce qu’inspirés par la concordance des temps. Le Gabon à l’heure du changement de mentalité pour plus de justice sociale, moteur compétitif de l’Afrique centrale et son taux de croissance hors-pétrole à plus de 10% ; la Tunisie et son peuple en quête d’équité postrévolutionnaire, l’héritage commercial phénicien vieux de 28 siècles, la médaille d’or de la compétitivité continentale avec ses 3 000 entreprises étrangères, son hub technologique qui croît de 14% par an.
Des partenaires soucieux d’efficacité devant d’abord bien se connaître, le chef de l’État a longuement visité la Silicon valley tunisoise de La Gazelle où se déploie la Cité technologique des communications. Cette pépinière de start-ups, qui abrite également Sup’Com – seule école étrangère associée au n°1 européen et français, Institut Mines-Telecom – est le navire-amiral d’une filière qui emploie 18 000 personnes et intègre chaque année près de 4000 ingénieurs. L’exemple même de cette économie de la connaissance basée sur des formations en corrélation avec les attentes du marché, dont le Président de la République a fait un des axes de sa Stratégie de développement humain. Traduction dans les faits : avec la Tunisie (200 filières d’enseignement en TIC, 28 000 chercheurs, 30 centres de recherche et développement), le Gabon vient de signer un ‘Protocole de coopération en matière de formation professionnelle et d’emploi’ (employabilité des jeunes porteurs de projets de création d’entreprise), un ‘Accord de coopération dans le domaine du placement et de la formation des cadres’ (ingéniorat tunisien, formation pour les cadres et techniciens supérieurs gabonais) et un ‘Accord de coopération bilatérale dans le secteur postal’ (services postaux et financiers électroniques).
Atelier informatique et textile de l’Europe, la Tunisie partage avec le Gabon le crédo du commerce intra-africain, réacteur émergent de la croissance mondiale. « Le président Marzouki nous a rappelé que l’appellation berbère de son pays, Ifriqya, avait donné son nom au continent tout entier », a indiqué Ali Bongo Ondimba en se faisant présenter le dispositif high-tech du CERTLabs destiné à la certification électromagnétique (téléphonie, aéronautique, etc..). Là encore, un échange d’expertise et des pistes de formation s’imposent avec le Gabon, qui se prépare au passage à la télévision numérique terrestre et dispose d’un taux d’équipement GSM parmi les plus élevés du monde.
Créativité, ouverture aux marchés mondiaux, attentes sociales, jeunesse impatiente, volontarisme politique, le Gabon et la Tunisie, conjuguant le donné et le recevoir, font le pari de la proximité stratégique. Et humaine, puisqu’une convention permettra prochainement les évacuations sanitaires CNAMGS vers les excellentes cliniques tunisiennes.