Le Président de la République a entamé vendredi une visite officielle de 48 heures en Tunisie. Avec son homologue Moncef Marzouki, Ali Bongo Ondimba entend donner une nouvelle densité aux échanges économiques, techniques et humains. Investissements intra-africains, partage d’expérience : le Gabon et la Tunisie, nouvel axe sud-sud de l’Afrique qui avance.
Les symboles pèsent leur poids dans les relations internationales. Ainsi de cette première visite officielle du président Ali Bongo Ondimba dans la Tunisie d’après la « Révolution », consécutive à la première visite de Moncef Marzouki à Libreville en juin dernier, qui fut le cadre du premier forum économique Gabon-Tunisie. En posant le pied sur le sol tunisien, vendredi 5 septembre en fin d’après-midi, Ali Bongo Ondimba témoigne de sa volonté d’aller bien au-delà des gestes protocolaires. « Des rapports si forts entre dirigeants doivent être traduits en actes, à travers des partenariats » explique-t-on en Tunisie, où chacun se souvient précisément de la présence fraternelle du numéro un gabonais, en février 2014, pour l’avènement de la Constitution née du Printemps arabe
L’énergie du développement
D’ici à dimanche, au fil d’un programme au pas cadencé, du Palais présidentiel de Carthage aux buildings ultra-modernes du nouveau pôle technologique de Tunis, Ali Bongo Ondimba souhaite donner le coup d’envoi politique d’une relation qui, par-delà l’amitié qui le lie au leader tunisien, s’inscrit dans l’histoire d’une Afrique décomplexée. La Tunisie redevient « un État africain à part entière, et non plus un pays africain entièrement à part », commente avec humour le président Marzouki. Devant la presse des deux pays rassemblée au palais, Ali Bongo Ondimba annonce de son côté que la Tunisie va obtenir le statut d’observateur au sein de la CEMAC : « C’est l’Afrique de demain, insiste-t-il, celle qui ne tourne plus le dos à ses réalités, celle qui a tenu le choc pendant la crise mondiale, celle qui pourra mieux que quiconque trouver les énergies de son propre développement ». Le défi, et le marge de progrès, sont considérables, indiquent les deux chefs d’État en rappelant que le commerce intra-africain pèse 2% du total continental, quand les Européens dépassent les 60% au sein de l’UE.
Le message aux investisseurs ne peut pas être plus clair. Logique géographique et bon sens économique, diversification des partenariats et complémentarité des expertises, c’est l’axe sud-sud qui, en s’imposant progressivement, permettra d’offrir de l’espoir à la jeunesse.« Nous avons ouvert la voie, insiste le président de la République. Maintenant c’est à vous, gouvernements, hommes d’affaires, de passer à l’action. Et ne trainez pas trop, car le peuple attend ! ». Et il ajoute : « Nous devons faire des efforts pour mériter que l’on nous considère comme des partenaires à part entière. Soyons des acteurs, plus des spectateurs. Et pour cela, il faut beaucoup de travail et de l’ambition ».
La prochaine session de la Commission mixte de coopération Gabon-Tunisie permettra de faire le point sur les 6 accords signés au niveau ministériel ce vendredi à Tunis sous le regard des deux présidents. Douanes, évacuations sanitaires, formation professionnelle, mise à disposition d’enseignants-coopérants, placement et formation des cadres, service postal, autant de domaines dans lesquels le pays le plus compétitif d’Afrique centrale et l’énergique Tunisie - qui accueille 3200 entreprises internationales sur son sol – ont beaucoup à échanger.