Le célèbre hebdomadaire du lundi pourrait être assigné à comparaitre par…. la présidence de la République.
Le numéro 248 du 1er septembre 2014 de l’hebdomadaire «Échos du Nord», titrant à la une «Cour des comptes : le rapport qui accable» bien qu’apprécié des lecteurs, semble avoir indigné le président de la République et ses collaborateurs. Au point qu’on évoque l’éventualité d’une «assignation à comparaître» à l’endroit des responsables de cet organe de presse.
Si l’on ignore encore les mobiles de la plainte, pour les responsables de l’hebdomadaire du lundi, l’irritation de la présidence de la République est consécutive à l’article intitulé «Le pouvoir organise l’asphyxie financière du cabinet d’avocat Oyane Ondo». Dans ce texte, l’auteur explique comment le secrétaire général de la présidence de la République procède pour dissuader les potentiels clients de la célèbre avocate, par ailleurs présidente du Centre pour la démocratie et la défense des droits humains (CDDH Gabon), de s’attacher ses services. Etienne Massard Kabinda Makaga aurait expliqué à des éventuels clients que s’ils souhaitent obtenir gain de cause dans leurs différents dossiers en justice, ils feraient mieux de choisir un autre conseil. Au-delà de l’article incriminé c’est toute la publication à travers des titres tels que : «La leçon politique du Pr Léon Nzouba à l’éternel amateur Ali Bongo», «Jean Eyeghe Ndong répond à la Cour des comptes», «Le rapport de la Cour des comptes accable le pouvoir»… qui indisposerait la présidence de la République.
Pour autant, il y a lieu de s’interroger sur l’immixtion de la présidence de la République dans les affaires judiciaires. Comment un haut fonctionnaire, fut-il secrétaire général de la présidence de la République, peut préjuger du verdict d’une affaire ? Sur quels éléments ou critères se fonde-t-il pour savoir quel avocat est plus à même qu’un autre pour défendre un dossier ? L’autorité judiciaire n’est-elle pas indépendante ? Les supposés pressions attribuées à Etienne Massard Kabinda Makaga relèvent-elles de l’excès de zèle, du dérapage ou d’un aveu ? Autant de questions en suspens auxquelles un éventuel procès pourrait donner une toute autre résonance…