A 2 ans de la prochaine élection présidentielle, les tenants du pouvoir sont plus que jamais sur le terrain, à la rencontre des populations et pour la livraison d’œuvres. Pour quelle qualité ?
Les moyens de l’Etat sont-ils mis au service d’activités politiques voire politiciennes ? C’est, en tout cas, la question qui effleure les esprits au regard de la multitude d’actes posés, ces derniers temps, par les émissaires d’Ali Bongo dans les contrées plus ou moins reculées du pays. Si le service de communication de la présidence de la République a récemment dressé une sorte de bilan du président de la République, accusé d’«amateurisme» par l’opposition, de nombreux élus du PDG n’ont pas attendu le top pour se lancer à leur tour dans la «charité».
C’est ainsi que chacun, certain de porter la voix du «distingué camarade président» dans sa circonscription, est désormais amené à se produire auprès de ses concitoyens. Seul bémol : la qualité des œuvres en direction des populations. «On se moque des Gabonais», crient certains à la vue des réalisations souvent de piètre qualité. Illustrations.
Parmi ces piètres réalisations figure en bonne place les passerelles de la zone de Ntsenkele (derrière l’ambassade la Russie et derrière l’Assemblée nationale) et celle du Camp Boileau, inaugurées lors de la dernière descente sur le terrain d’Aurelien Ntoutoume, député du 1er siège du 2ème arrondissement de Libreville. Un don qui a pourtant mobilisé plusieurs médias et personnalités des 2 quartiers. «La construction d’une passerelle à cet endroit, c’est bien. Mais nous nous inquiétions de l’obstruction du passage à l’arrivée des pluies, ce qui ne semble pas avoir été réglé avec ce petit pont qui a été construit sans qu’aucun travail de canalisation des eaux n’ait été réalisé», a confié un habitant du Camp Boileau.
N’empêche, ces réalisations sont loin d’être les plus moquées ces derniers jours. Le «cadeau» le plus marquant a sans nul doute été «le chef d’œuvre» offert aux populations d’Eboro, la semaine dernière, par les responsables de l’Union des jeunes du PDG (UJPDG). Une sorte de cage à poules aux allures de cagibi de toilettes en bois. Pourtant, pas peu fier de son «geste» à l’endroit des habitants de ce village du Woleu-Ntem, situé à la frontière du Cameroun, le délégué national de l’UJPDG et sa suite ont rendu publique la construction de «trois mini salons de coiffure», chacun équipé d’un mini groupe électrogène, d’une tondeuse, d’une multiprise et d’un miroir. Un arsenal digne des grandes œuvres du pouvoir émergent qui tient à rappeler qu’il œuvre par amour pour le Gabon : «Nous avons tenu à les peindre aux couleurs nationales pour nous inscrire dans une logique républicaine et les offrir en nous appuyant sur des critères objectifs et non partisans», a fièrement lancé Vivien Amos Pea Makaga, à l’issue de sa récente tournée dans la province. Rien que ça !
