Le président du Parti social démocrate (PSD), qui se réclame de l’opposition, s’est prêté aux questions de l’hebdomadaire L’Aube du 1er septembre 2014. Il y passe en revue, la politique menée par Ali Bongo, qui en prend pour son grade.
Fidèle à sa réputation de trublion, Pierre-Claver Maganga Moussavou, s’est fait fort, à travers un entretien publié par l’hebdomadaire L’Aube, le 1er septembre dernier, de projeter un éclairage nouveau sur ses relations avec l’actuel président de la République et son appréciation de sa gouvernance. Disert à souhait, le président du Parti social-démocrate (PSD) ne manque pas de mots pour parler d’Ali Bongo : «Le Gabon est un grand corps malade. Ali est à la tête d’un système qui le rend de plus en plus malade. Je reproche à Ali Bongo, malgré son jeune âge et son ouverture d’esprit, de ne pas avoir compris que la politique c’est l’art de se mettre au service de l’autre. En perpétuant l’ancien système qui consiste à tout concentrer entre les mains d’une seule ou groupe de personnes, il tue le reste du pays», dit-il pour présenter la gouvernance du chef de l’Etat.
Dans la foulée, il n’hésite pas à relever que l’émergence à la gabonaise est le prolongement de la politique menée par Omar Bongo Ondimba : «Je crois qu’Ali s’inscrit dans la même politique que son prédécesseur. Beaucoup se sont enrichis par cette politique et non par le travail. En occupant des postes juteux, ils ont été au cœur des rouages de l’enrichissement», explique-t-il avant d’interroger : «Avez-vous vu, dans des pays développés, un directeur général du budget s’enrichir ? Pas du tout. Il fait juste son travail. Sans plus. Il peut avoir quelques prérogatives, mais il ne deviendra jamais multimilliardaire…» Et toc !
Amené à parler du changement de gouvernement intervenu en début d’année et le remplacement de Raymond Ndong Sima par Daniel Ona Ondo, il estime que ce fut «une catastrophe». «Changer de gouvernement en janvier-février, c’est reconsidérer les principes budgétaires. Puisqu’on va du principe qu’on ne peut remettre la même structure gouvernementale. Tout cela implique une restructuration du budget», explique-t-il à ce sujet, avant de revenir sur le président de la République. «Ali a pensé que, puisqu’il était fils d’un ancien chef d’Etat, cela faisait également de lui un chef d’Etat, une sorte de prince héritier…», dit-il, critiquant les choix de ce dernier : «Il y a mieux à faire : donner de l’emploi, des logements aux Gabonais ; aménager leur environnement, faire construire des écoles, des dispensaires, des universités… est plus important que le superflu qui se fait actuellement», assène Maganga Moussavou. Sur ce volet précis, le maire de Mouila pense qu’Ali Bongo ne chausse pas les bottes d’Omar Bongo Ondimba. «Lorsqu’il détruit la Cité de la démocratie, il est bien loin de prolonger l’action de son père. Bien au contraire, il efface, sans le savoir, ou peut-être aussi parce qu’il est totalement irresponsable, les traces de son père. Il scie la branche sur laquelle il est assis. Mais nous savons qu’il sera difficile de remplacer la cité de la démocratie (Lieu qui aura marqué les Gabonais) par une autre structure… cette structure marque notre histoire…», note-il.
Evoquant les enquêtes liées aux malversations financières supposées, Pierre-Claver Maganga Moussavou indique ne pas croire qu’elles déboucheront sur des sanctions. «Ali ne saurait se tirer une balle dans le pied. Car dans tout ce qui a été fait, il est forcément concerné de près ou de loin. Comme on dit prosaïquement chez nous, on ne saurait se mettre un couteau dans le ventre alors même que l’on est en train de manger. Dans ces cas de détournements, s’il n’est pas le responsable, c’est donc son père. Et si ce n’est pas son père, c’est l’un des siens. Il est forcément concerné», affirme l’ancien ministre.