Libreville - C’est par un communiqué lu par le porte-parole du gouvernement, Denise Mekam’ne que la nouvelle a été rendue publique dans la journée du dimanche. De sources concordantes, on a aussi appris que le Président de la République avait pris acte de cette démission présentée au Premier ministre.
Le porte-parole du gouvernement n’a, pour autant, pas présenté la lettre à travers laquelle le désormais ancien ministre explique ses raisons. Du coup, les supputations vont bon train : Léon Nzouba a-t-il démissionné ou a-t-il été démissionné ? Depuis plusieurs jours, de nombreuses forces sociales, singulièrement la presse, appelaient à sa démission. A travers deux articles («Retour au Baccalauréat avec 10/20 : après la loi, la politique» et «Léon Nzouba ne devrait-il pas démissionner ?») publiés coup sur coup, Gabonreview, avait notamment affirmé que la situation était devenue intenable. «Daniel Ona Ondo n’a d’autre choix que d’affronter cette équation qui se pose à tous les Premiers ministres en pareilles circonstances : demander sinon le départ, du moins la mutation du ministre fautif, au risque de laisser croire que la crédibilité de notre système éducatif lui importe peu », pouvait-on lire sur ces pages web le 22 août dernier. «Léon Nzouba ne pourra pas se contenter de n’être que le responsable du service après-vente de cette décision gouvernementale. Tout se passe depuis quarante-huit heures comme si le patron de l’Education nationale avait pris cette décision tout seul sans se référer au chef du gouvernement. Si Daniel Ona Ondo, lui, a déjà avalé son chapeau et ravalé ses grandes ambitions pour son équipe, Léon Nzouba, lui, est-il homme à se laisser désavouer aussi publiquement, aussi solennellement ? Si le Conseil des ministres, si le porte-voix du Palais du Bord de mer, désavouent un ministre, que peut-il rester à faire à ce membre du gouvernement ?», s’interrogeait Gabonreview le lendemain.
A l’évidence, le désaveu public dont il a été l’objet a eu raison du médecin-militaire. Et s’il avait encore la possibilité de plier sans rompre, de faire le dos rond en attendant que tempête passe, les prises de position de Marcel Libama et Me Gisèle Eyué sont venues pourrir davantage une situation déjà dégradée. En exigeant, sur la base de la loi, l’organisation d’une session orale au bénéfice des élèves ayant obtenu des moyennes supérieures ou égales à 8/20, la Convention nationale des syndicats du secteur éducation (Conasysed) et l’avocate ont fini par donner le sentiment que le gouvernement avait perdu le contrôle de la situation. On en vient à s’interroger sur le devenir de la plainte pour «cessation de trouble» qui doit contraindre le gouvernement à reconsidérer sa position.