Longtemps attendues, les élections du 14 décembre 2013 consacrées au renouvellement des conseils municipaux et départementaux du Gabon ont finalement eu lieu, avec à la clé des fortunes diverses pour les différents candidats. Comme on peut l’imaginer les jours d’après sont rudes pour les nerfs des candidats qui attendent la confirmation des résultats, mais aussi pour les électeurs qui souhaitent savoir que leur voix a été respectée ou simplement pour ceux qui veulent normalement reprendre leurs activités.
Si l’on a dénoncé des irrégularités de part et d’autre au point que le Réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon (ROLBG) en soit carrément arrivé à demander l’annulation du scrutin, on peut néanmoins constater que les dans les états majors des candidats en lice, le temps est à l’angoisse due à l’attente, surtout au regard de la sortie massive des populations pour se rendre aux urnes.
L’une des électrices du centre de l’école primaire Martine Oulabou à Libreville a d’ailleurs déclaré après son vote : «je suis venue juste pour voir ce que nous donnera la biométrie. On en a trop parlé, maintenant on va voir si c’est le remède de la tricherie en période électorale dans notre pays».
Après donc le scrutin, bien de paires d’yeux étaient rivées sur l’écran de Gabon Télévision, la principale chaine télévision nationale, où était émise une émission baptisée «La grande nuit électorale», animée cahin-caha par des journalistes défendant parfois corps et âme le parti au pouvoir au lieu de laisser leurs inviter s’exprimer. C’est encore sur cette émission que des liaisons téléphoniques moribondes permettaient de retransmettre les tendances de l’intérieur du pays.
Ceux qui ont choisi de ne pas regarder cette émission pour se faire une idée sur l’issue de l’élection sont sortis pour faire le tour de la ville afin de voir dans quel état d’esprit se trouvait la population. Le calme régnait partout, pendant que devant les centres de vote, certains militants tentaient d’assister au comptage des voix afin de ne pas se laisser surprendre par les résultats.
Tout d’un coup Libreville a été plongée dans le noir. Le comptage dans de nombreux centre s’est «poursuivi à la lueur des bougies». Une trentaine de minutes après le courant est revenu. Et un militant d’un parti politique bien en place de déclarer : «on connait cette façon de faire. Avec cette coupure, beaucoup de choses viennent de se passer». Ce qui est sûr c’est qu’au soir de l’élection, «Libreville by night s’était endormie». La mesure gouvernementale interdisant temporairement l’ouverture des débits de boissons ayant été strictement respectée. «On ne sait jamais ce qui peut se passer. J’attends demain [dimanche 15 décembre 2013] pour ouvrir», a laissé entendre, dans la nuit, une tenancière de bar, assise devant sa boutique à Nkembo.
Même les taximen ont ralenti leur activité qui tourne pourtant également bien de nuit. «Il ne faut pas se lancer dans une affaire qu’on ne maitrise pas. Les marchés ont été fermés toute la journée, les bars aussi. Pourquoi je dois sortir mon taxi ?», a interrogé un taximan Béninois qui a choisi de jouer la carte de la prudence.
Du côté des candidats et de leurs sympathisants, la nuit a été longue. Les rumeurs font état de candidats tombés dans les pommes en apprenant qu’ils avaient été littéralement battus, malgré les billets de banque distribués lors de la campagne et le jour J. D’autres se préparaient déjà à saisir les institutions compétentes pour des recours, alors même que tout restait encore au niveau des tendances. Chez certains, c’était déjà la grande célébration, presque la fête de la victoire.
Le Dimanche 15 et le lundi 16 décembre 2013, les activités semblaient avoir normalement repris leur cours. La peur de l’inconnu du jour du scrutin s’éloignant peu à peu. Les routes grouillent à nouveau de monde, les boutiques ont rouvert, les taxis pullulent sur les routes, etc. Dans les kiosques, les journaux se sont arrachés, ce lundi matin, comme de petits pains au point qu’aux alentours de 11 heures, il n y en avait plus. La ruée vers ces titres ne pouvant s’illustrer que par la recherche des informations sur le scrutin très couru du 14 décembre 2013.