Si pour de nombreuses listes l’espoir demeure tant que les résultats officiels n’ont pas été rendus publics par la Commission électorale nationale autonome permanente (Cenap) et confirmés par la Cour constitutionnelle, pour d’autres, les carottes sont cuites. C’est notamment le cas du candidat indépendant Paul Marie Gondjout qui a croisé le fer avec le PDG à Lambaréné. Bien qu’assumant sa défaite, la tête de liste a gardé un goût amer.
Pour Paul Marie Gondjout, les carottes sont bel et bien cuites. C’est à l’occasion d’une conférence de presse donnée dans la journée du lundi 16 décembre 2013 que la tête de liste indépendante, adversaire du Parti démocratique gabonais (PDG) dans la commune de Lambaréné l’a reconnu devant les siens. D’entrée de jeu et sans ambages, le candidat issu de l’Union nationale (UN) prohibé, a déclaré : «A l’issue du scrutin pour le renouvellement du conseil municipal de Lambaréné. Les deux listes que nous présentions dans la commune ont essuyé une défaite dont les enseignements restent à tirer pour la suite de notre combat politique.» Une sorte de mea culpa qui n’a pas atteint la volonté et la détermination de l’homme politique fortement ancré dans l’Opposition. Loin s’en saut.
S’il a reconnu et assumé sa défaite, Paul Marie Gondjout a tout de même tenu à relever que les dés étaient pipés à l’avance. En effet, pour lui le parti au pouvoir aurait eu recours à l’«importation» en masse d’électeurs depuis la capitale et à l’«achat» des voix comme cela était déjà évoqué par d’autres acteurs politiques du même bord, les mois précédents. Pour le candidat malheureux, il ne subsiste aucun doute : Rose Francine Rogombé et Richard Auguste Onouviet ont été pour beaucoup dans sa défaite. «Pour la seule ville de Lambaréné, le président du Sénat et le député de la circonscription ont déplacé de Libreville plus d’une centaine de bus transportant des milliers de mercenaires d’élections sans foi ni loi venus peser sur la réalité des tendances politiques locales. Ils ont par ailleurs déversé dans la ville, dans les maisons et devant les bureaux de vote des centaines de millions de francs CFA pour profiter honteusement des faiblesses d’une population sans ressources et désabusée », s’est-il notamment insurgé.
Une accusation, estime-t-il, «vérifiable un peu partout sur l’ensemble du territoire» qui prouve clairement que «le PDG qui est arrivé en tête, a démontré une fois de plus le peu de considération qu’il avait pour les problèmes de la Nation et de ses citoyens.» L’occasion pour lui de déplorer «un peuple qui se résigne à l’imposture, au découragement et au défaitisme» alors qu’il subit, depuis de nombreuses années, une certaine «marginalisation» de la part du même PDG auquel il se livre. Toute chose qui interpelle l’homme politique qui estime que «la lutte pour la libération du Gabon […] est un impératif qui doit s’imposer à tous et chacun à son niveau», au risque d’«alternatives brutales et dommageables» pour le pays si l’organisation de scrutins libres et transparents y est impossible.
Fort de ce qui précède et un brin philosophe ou visionnaire, Paul Marie Gondjout a conclu : «Le Gabon comme le Zaïre, la Centrafrique, la Côte d’Ivoire, le Mali, la Guinée, la Tunisie, l’Égypte, etc., ne fera pas exception à la règle qui veut que les dictatures ont toujours une fin plus ou moins tragique. C’est un processus inéluctable et la manière avec laquelle la dictature gabonaise vient une fois plus de procéder dans le cadre de ces élections est un signe que nous avançons certainement vers une issue aux conséquences sus évoquées.»