Alors que sa simple évocation suscitait effervescence et «espérance» pour ses nombreux sympathisants à travers le pays, autour de l’élection présidentielle anticipée de 2009, le sigle «AMO» pour André Mba Obame, désormais érigé en «marque» semble revenir au goût du jour. En témoigne son apparition sur certaines affiches de propagande lors des élections locales du 14 décembre 2013. Question : est-ce toujours un «label» porteur ?
C’est un peu avec stupéfaction que les Gabonais de tous bords politiques ont vu ressurgir, durant la campagne électorale des locales du 14 décembre 2013, un nom, mieux un sigle qui tend peu à peu à s’étioler en raison de la longue absence sur la scène politique gabonaise de la personnalité qui le caractérise : «AMO», initiales d’André Mba Obame. Trois lettres qui, en 2009, lors de la présidentielle anticipée résonnaient comme un coup de tonnerre et suscitait une importante ferveur auprès de ses «adeptes». Pourtant aujourd’hui, l’on se méprendrait presque si l’on venait à conférer à la célèbre appellation son importance et sa magie d’antan. La «marque» AMO, bien que certaines listes électorales aient fait le choix de l’inscrire sur leurs affiches de propagande tel un label, laisse tout de même perplexe quant à son véritable apport pour ces derniers.
De nombreuses listes indépendantes ont pensé que le nom du secrétaire exécutif de la quasi-clandestine Union nationale (UN) pourrait leur apporter beaucoup de chance, voire de remporter ces dernières élections locales sans grandes difficultés. Seuls les prochains résultats définitifs infirmeront ou confirmeront ce qui reste de l’attractivité du nom Mba Obame.
A contrario, on devrait se demander également si les initiales ABO, pour Ali Bongo Ondimba, participent également de cette sorte de marketing, vu que quelques listes du PDG, à travers le pays et la capitale, ont fait le choix de s’afficher sur des panneaux publicitaires en compagnie du «Distingué-camarade Président», avant de se résoudre à retirer les fameuses affiches quelques heures après leur disposition dans les rues, du fait d’un rappel à l’ordre du conseil national de la communication indiquant que l’utilisation mercantile du nom du président de la République ou de personnalités historiques disparues était interdit.
Pour n’en rester qu’au label AMO, six têtes de listes indépendantes parmi lesquelles Jean Eyeghe Ndong (2e arrondissement de Libreville) et Chantale Myboto Gondjout (1er arrondissement de Libreville), réunis autour du groupe «Libreville pour tous», ont fait ce choix de communication qui tend à ériger André Mba Obame en icône attractive. Mais, quoi qu’on en dise, il semble évident que le candidat malheureux à la présidentielle gabonaise de 2009 compte encore énormément pour ses compagnons d’armes. Vraisemblablement et même pour une bonne frange de la population, il incarne toujours l’alternative au régime d’Ali Bongo dont il fut littéralement qualifié d’alter égo. Ces dernières apparitions publiques ont drainé indiscutablement du monde et ses sorties médiatiques font vendre comme du petit pain les titres gabonais qui l’affichent, ainsi qu’il en a été le cas avec les livraisons récentes du satirique La Une et de l’hebdomadaire Echos du Nord.
Il faut donc se demander si le surprenant score électoral réalisé à Libreville par Chantal Myboto Gondjout quittant son fief de Mounana et celui, un peu moins surprenant, actuellement attribué à Jean Eyéghé Ndong au 2e arrondissement de Libreville, n’ont pas bénéficié de l’aura d’André Mba Obame que de nombreux aficionados espèrent pour la présidentielle de 2013. Certains observateurs soutiennent d’ailleurs que l’enfant terrible de l’Union nationale, en appelant à l’inscription massive des populations pour le scrutin du 14 décembre échu qu’il a présenté comme un test pour 2016, serait également pour quelque chose dans la réduction du taux d’abstention observé. Il faut donc simplement gager que ceux qui ont associé son image à leur campagne électorale ont pu faire un choix porteur. Mais rien n’est mathématique et il sera bien difficile de le prouver.