LIBREVILLE, L'ONG Human Rights Watch (HRW) a publié mardi un rapport de plus de 700 pages sur les exactions de l'ancien président tchadien Hissène Habré réfugié depuis 1990 à Dakar où il devrait être jugé notamment pour crimes de guerre.
Cet ouvrage, intitulé "la plaine des morts", se base sur "treize années de recherches pour démontrer que Habré était personnellement impliqué dans les abus perpétrés lorsqu'il était au pouvoir de 1982 à 1990", indique un communiqué de l'ONG, accusant l'ancien président "de nombreux assassinats politiques, de l'usage systématique de la torture, de milliers d'arrestations
arbitraires et de la persécution ciblée visant certains groupes ethniques".
Selon le texte, l'étude publiée mardi "se fonde sur une analyse statistique détaillée de milliers de documents de la DDS (Direction de la documentation et
de la sécurité - police politique, ndlr), récupérés par HRW, ainsi que sur plus de 300 entretiens avec des victimes, des témoins et d'anciens responsables"
"Une analyse des documents de la DDS effectuée par l'organisation Human Rights Data Analysis Group a identifié 12.321 victimes d'abus, dont 1.208 ont été tuées ou sont mortes en détention. De ces documents, il ressort également
que 1.265 communications directes de la DDS concernant la situation de 898 détenus ont été envoyées à Habré personnellement", poursuit le document.
Selon HRW, "L'appartenance à un groupe ethnique dont les leaders étaient perçus comme une menace à l'autorité de Habré constituait souvent un motif d'arrestation suffisant pour la torture, l'exécution ou la + disparition+ forcée"
Agé de 71 ans, Hissène Habré a dirigé le Tchad de 1982 à 1990. Il a été inculpé de crimes de guerre, crimes contre l'humanité et tortures commis au cours de ses huit ans au pouvoir avant d'être renversé en 1990 par l'actuel président Idriss Deby Itno. Depuis sa chute, il vit en exil au Sénégal.
Dakar et l'Union africaine (UA) ont signé en décembre 2012 un accord pour la création au Sénégal d'un tribunal spécial en vue de le juger.
L'ex-président Habré a été arrêté le 30 juin à Dakar puis inculpé le 2 juillet par le tribunal spécial et placé en détention préventive. Il a été transféré récemment à la maison d'arrêt du Cap Manuel réhabilitée à Dakar.